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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Ma femme traite ma psychanalyste de gourou »


Voilà maintenant deux ans que je suis en analyse avec une psychanalyste qui me fait beaucoup avancer. Je me rends compte que ma phobie des transports a déjà bien cédé ; je suis plus autonome, arrivant même depuis quelque temps à me déplacer quasiment seul, sans l’obligation de la présence de mon épouse à mes côtés, comme autrefois. Cependant, ma femme traite ma psychanalyste de gourou. Ses critiques injustifiées me sont de plus en plus insupportables mais je n’ose pas en parler à ma thérapeute. Comment raisonner Élisabeth ?


Jean-Étienne de B. – 64450 Thèze



La réponse du psychanalyste


Classique, habituel, normal (pourquoi pas ?), la réaction de votre épouse mais, si vous me permettez cet avis évident, surtout ne changez pas de psychanalyste ! Celle-ci semble tout à fait vous convenir dans la mesure où votre femme la traite de gourou (suprême injure…). Cependant, il serait utile, en premier lieu, de lui rappeler qu’un gourou est, selon la définition du très sérieux « Larousse de poche », un maître spirituel (ce qui, on s’en doute, n’a rien de péjoratif en son principe) et que la psychanalyse n’a rien à voir avec cela, tout simplement déjà parce que la méthode freudienne, entre autres possibles, supprime le rapport dominant-dominé (tel qu’on peut le rencontrer dans les sectes, puisque votre femme semble faire allusion à ce risque potentiel). En second lieu, compte tenu de l’insistance des propos dirigés d’Élisabeth, il apparaît logique d’en parler avec votre psychanalyste qui ne sera pas du tout surprise de la chose et qui guidera vos séances en tenant compte de cet apport supplémentaire. Il est certain toutefois que votre femme peut souffrir de votre changement d’état, tout aussi positif soit-il. Elle vous a connu dépendant d’elle, rôle qu’elle a perdu progressivement, perte à laquelle s’ajoute sûrement une angoisse d’abandon ; de fait, votre nouvelle autonomie peut, inconsciemment, la perturber, même si, consciemment, je suis sûre qu’elle désire de tout cœur votre guérison. Indépendamment de l’interprétation que vous transmettra votre thérapeute, essayez de rassurer votre épouse de manière à ce qu’elle entende que votre autonomie récemment gagnée ne signifie pas fatalement trahisons affectives et (ou) divorce. Reconnaissez-la aussi explicitement dans des tâches qu’elle assume bien. D’une autre façon, dites-lui qu’être à ses côtés est devenu maintenant, et compte tenu de votre libération, un choix et non plus une nécessité.

 

 

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