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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Mon fils ne veut plus voir son psy... »


À la suite d’un divorce douloureux, je viens de décider de vivre avec mon nouvel ami. Mon fils unique de quatorze ans n’accepte pas cette situation et fait preuve de beaucoup de violence et de grossièreté au lycée, tant avec ses professeurs, qu’avec ses copains, qu’avec mon ami, qu’avec moi… Sur les conseils de mon médecin, j’ai pris rendez-vous chez un psy que mon enfant refuse obstinément de consulter, alors qu’il a déjà fait trois séances. Le psy dit qu’il faut que mon fils persévère. Je ne sais lequel des deux écouter car j’ai l’impression que les problèmes de violence s’aggravent encore après chaque consultation…

Mélanie M. – 84380 Mazan

La réponse du psychanalyste

Beaucoup de parents sont démunis face aux désordres, aux crises, aux révoltes, aux conduites marginales de leur enfant et pensent que le recours à un psy va résoudre les problèmes. Si, dans bien des cas, cette solution peut convenir et même s’avérer salvatrice, il ne s’agit surtout pas de la systématiser. Il n’est certes pas question de banaliser la douleur et l’inquiétude de la famille face à un enfant qui se met en danger mais le premier élément à prendre en considération, et quel que soit l’âge du pré-supposé patient, est qu’il faut que l’individu soit à la fois conscient de sa souffrance et qu’il veuille bien s’en séparer. Le deuxième élément à prendre en compte, c’est qu’il ne s’agit pas non plus que le parent se substitue à l’enfant dans la cure ; ainsi voyons-nous arriver de plus en plus de patients qui consultent sous prétexte que leur enfant ne veut pas le faire ! Ces parents-là n’ont, la plupart du temps, aucune envie d’accéder à ce genre de travail et si un psychanalyste cède à la tentation de démarrer une cure analytique dans ce contexte-ci, il prend le risque de pathologiser encore davantage la famille en confortant l’enfant rebelle, insoumis, violent, marginal dans le fait qu’il rend ses parents malades ! Il est donc bien malade lui aussi et en dehors d’un contexte de toute-puissance qui ne peut que flamber à la suite de prises en charge inappropriées, l’enfant va alourdir encore davantage, par phénomène de rétorsion, sa charge de culpabilité. Ainsi, si votre enfant refuse de retourner voir un psy, il faut accepter ce refus ; pourquoi ? Tout basiquement parce que l’analyse ne donnera, dans ce cas, de toute façon, aucun résultat ; bien au contraire, et encore une fois, cette obligation ne consisterait qu’à renforcer les mécanismes de défense de l’enfant. Effectivement, pour que cette démarche aboutisse, il ne suffit pas que l’enfant en ait «besoin», il est absolument indispensable qu’il le «désire». Votre enfant se sentira ainsi écouté, respecté et cette attitude-là pourra déjà lui permettre de reconsidérer ses comportements vis-à-vis de vous et d’autrui.

 

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