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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je rougis tout le temps »


J’ai vingt ans, je rougis tout le temps et je me vis anormal. Ma mère me dit toujours que ça va passer mais je ne constate aucune amélioration en vieillissant. Que dois-je faire ?

Kévin C. - 57400 Sarrebourg

La réponse du psychanalyste

Vous avez raison de vous préoccuper de vos rougissements malgré votre très jeune âge, ne serait-ce que parce qu’ils vous gênent dans le quotidien. Vous relatez d’ailleurs très bien ce qui se passe chez les sujets dans votre cas. Ceux-ci signalent, sans exception, que ce trouble se fait de plus en plus anticipatoire pour leur plus grand malheur. Ainsi, la peur devient une crainte de rougir, sans attendre la situation anxiogène elle-même. Il s’agit là d’éreutophobie, appelée encore médicalement érythrophobie. Ces appellations d’origine grecque explicitent à elles seules que ces rougissements rejoignent le registre des phobies. Ces rougeurs faciales sont souvent couplées à des phénomènes incontrôlables de sudation qui interviennent, dans la quasi majorité des cas, face à d’autres sujets. Il peut arriver aussi qu’un déclenchement de l’imaginaire, par exemple dans le cas d’une anticipation d’un rendez-vous amoureux ou d’un entretien d’embauche, engendre en l’absence de tout interlocuteur les mêmes symptômes ! C’est dire si le handicap est perturbant. Comme il ne s’agit pas de coupler l’éreutophobie systématiquement à la timidité, il convient d’aborder cette problématique comme touchant une sphère plus émotionnelle. Cette angoisse de perdre vos moyens doit – comme toujours – pousser à explorer ce qui se cache derrière cet état difficilement compréhensible. Rougir peut conduire à « rugir », masquant — pour exemple — une menace paternelle. Les registres de l’éducation, de la sévérité, peuvent ainsi vous fournir de toutes premières indications. La honte peut aussi être explorée facilement puisque, pour cela, il vous suffit de revenir à la période infantile de votre vie. Cette autoanalyse, puisque vous avez « vieilli », dédramatisera les situations que vous allez retrouver alors sous forme de souvenirs. Ce regard adulte nouveau sur des situations dépassées peut tout à fait suffire à vous débarrasser de quelques complexes récalcitrants, en sachant que si le malaise perdure, il vous sera très facile de vous faire aider par un thérapeute ; celui-ci saura guider avec soin et efficacité ce travail salvateur de remémoration libératrice.

 

 

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