Malgré un salaire modeste (je suis caissière dans une grande surface), je suis complètement «accro» du portable. Mes factures de téléphone me mettent en danger. Pouvez-vous m’expliquer comment mettre un frein à ma « téléphonite aiguë » ?
Lysiane R. – 68000 Colmar
La réponse du psychanalyste
Dépendance (presque) comme une autre, ce que
vous nommez « téléphonite aiguë » cache un trouble
affectif majeur. Outre la punition que vous vous
infligez au plan pécuniaire, ce type d’état compulsif
ne fait que réactiver l’angoisse (d’abandon) lorsque
vous raccrochez. D’où, d’ailleurs, une nouvelle
impulsion qui se déclenche et qui vous pousse, qui
vous ordonne d’appeler un énième correspondant
dans la journée. Être seul avec soi-même est difficile
tant que complexe d’infériorité et névrose d’échec
se fréquentent. Je veux expliciter ainsi que cet état quasi maniaque laisse à penser qu’un manque
profond, masqué, refoulé, vous est inconsciemment
insupportable au point, justement, d’utiliser votre…
portable, comme d’autres mangent pathologiquement
ou boivent ou fument ou achètent des chaussures…
À chacun sa cible privilégiée pour mettre
fin à une souffrance incontrôlable. Il serait utile que
vous identifiez avec lequel de vos parents vous n’avez
pas coupé le cordon. Partant de là, le miroir se
fera plus évident. Ce lien
oral que vous amplifiez au quotidien utilise une énergie phénoménale qui n’est plus disponible pour
mettre en place des passages à l’acte adultes. En
restant inconsciemment l’enfant de vos géniteurs, état que vous déplacez sur un entourage en apparence
plus conforme à ce que vous êtes identitairement
aujourd’hui, vous vous maintenez à votre insu
dans une époque qui n’est plus. Ce bénéfice – au
sens analytique du terme –, que vous en retirez,
entraîne obligatoirement une impossibilité à assumer
des situations conformes à vos potentialités
intrinsèques. Ainsi, dis-toi à qui tu téléphones et tu
comprendras qui tu es…
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