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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je culpabilise de gronder mon fils »

 

Chaque fois que je gronde mon plus jeune fils, Simon, âgé de 6 ans, je ressens remords et culpabilité. Je n’ai jamais connu cela avec mes deux aînés qui ont un père différent dont je suis divorcée. Simon est un enfant extrêmement désobéissant. J’aimerais comprendre le pourquoi des choses.

Marine V. – 68130 Altkirch

La réponse du psychanalyste

La réponse à cette question pourrait se résumer à une histoire de bon sens si votre lettre ne s’en arrêtait pas uniquement à vouloir comprendre ce qui se passe. Comment sortir de votre état culpabilisé me semble plus essentiel. Effectivement, on peut imaginer que vous soyez gênée par le fait que Simon ait découvert la vie par le biais d’une famille recomposée, ce qui n’était pas le cas pour vos précédentes maternités. En revanche, vous laissez subodorer que vouloir en finir avec votre système d’éducation actuel ne vous préoccupe pas plus que cela. Ce qui est quand même curieux. Le moment est cependant venu pour vous de quitter une relation plus qu’ambivalente avec Simon. Le fait d’être plus ferme avec lui qu’avec vos autres enfants traduit surtout un sentiment d’insécurité dans votre couple. Ce que votre courrier élude totalement. C’est un peu comme si le fait d’avoir un seuil de tolérance plus grand avec le fruit de votre seconde union vous garantissait une assurance de longévité conjugale. D’où l’intérêt pour votre inconscient de chercher à être tranquillisée par ma réponse ! J’aimerais pouvoir le faire mais la réalité est tout autre. Imaginer que supporter les réactions anarchiques de Simon peut séduire le père de celui-ci est une erreur d’appréciation. Il est certain que le manque de limites, qui doit s’aggraver progressivement, vous endort au point d’objectiver de moins en moins ce qui ne va pas dans le comportement de votre petit dernier. Par voie de conséquence, lorsque son père rentre le soir, soit vous banalisez les bêtises de la journée, soit vous les occultez carrément. Sachez qu’à la longue votre mari réalisera vos faiblesses maternelles. Il pourrait même vous en faire le reproche. Ressaisissez-vous. Vous rendrez davantage service à Simon en le préparant aux difficultés de l’existence car celle-ci nous impose bien des limites, a fortiori si nous n’en avons eu que très peu dans l’enfance. Et elles seront alors bien difficiles à supporter. Par ailleurs, il ne s’agirait pas que vos aînés prennent leur demi-frère en grippe. Ce serait le meilleur moyen de le culpabiliser à son tour ou de l’inscrire dans une haine de la fratrie. N’ayez plus de remords : un enfant apprécie toujours qu’on lui mette les stop nécessaires. C’est ainsi qu’il se structure.

 

 

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