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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je m’oppose systématiquement à tout et j’en souffre »


Je reconnais que je suis invivable pour mon entourage. Dès que celui-ci me propose une sortie, un repas, un week-end sympa, une expo, un ciné, du lèche-vitrines, une rando, je dis « non » ! Pour mieux le regretter ensuite, sans toutefois revenir sur ma décision... Le problème maintenant c’est qu’on me propose de moins en moins de choses et j’en souffre. J’ai conscience que quelque chose ne va pas. Tant pis si vous ne me répondez pas.

Michèle P. - 23700 Auzances

La réponse du psychanalyste

Tant pis pour vous... J’ai fait le choix de vous répondre ! Et ce, d’autant plus volontiers que votre courrier m’a laissé dubitative. Vos propos m’ont à moitié convaincue dans la mesure où ils traduisent et trahissent une sorte d’ironie à la limite de la dérision... Ce qui me fait dire ça, c’est d’une part le rythme de votre lettre et, d’autre part, cette façon de couper certains mots, même si les diminutifs sont à la mode : sympa, expo, ciné, rando. En voilà des manières... de celles-là justement qui signifient qu’au départ vous avez décidé de vous amuser un peu en m’écrivant, puis vous vous êtes pris(e) au piège, à votre propre piège. Explication. Tout d’abord, vous signez du prénom de « Michèle » et bien que n’ayant pas fait de graphologie, je peux affirmer que votre écriture ne peut en aucun cas être celle d’une femme ! Je pense plutôt avoir à faire à... Michel. N’est-ce pas ? Par ailleurs, comme vous semblez habiter une toute petite localité, vous avez dû, je l’imagine, vous dire que, si d’aventure, je vous répondais par courrier perso (voilà que je commence à réduire moi aussi mes mots !), le facteur n’aurait aucun mal à vous trouver. Et je vous vois déjà vous gausser, riant de votre supercherie. Eh bien, sachez que votre jeu (vous savez, celui qui met en scène un chat et une souris) ne m’a pas amusée du tout car il laisse deviner, c’est une certitude, que vous être surtout en opposition à... votre identité sexuelle spécifique. Cette compulsion à vouloir couper des mots (pas n’importe lesquels bien sûr) donne à comprendre que votre part féminine ne demande qu’à s’exprimer, ce que vous ne vous autorisez pas. Je crois tout à fait en votre souffrance et en votre profonde solitude. Cet entourage, censé vous solliciter et vous inviter en permanence à sortir, n’est que pure invention. L’utilisation du pronom indéfini « on » le confirme, à mon grand regret. Faites-vous aider par un spécialiste, Michel, prenez les choses au sérieux, ne laissez pas votre état s’aggraver, ne vous enfoncez pas davantage. L’ensemble de votre attitude laisse sous-entendre que vous devez consulter, tandis que l’éthique et certaines règles de ma profession ne me permettent pas d’aller plus loin dans mon interprétation.

 

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