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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je ne laisse pas indifférent le curé de ma paroisse »


Je n’ai jamais osé parler de ce qui m’arrive depuis maintenant plus d’un an. Élevée dans la tradition catholique, j’ai gardé et développé une foi qui me semble sincère. Mariée à 20 ans (j’en ai 40), avec quelqu’un de très bien dont j’ai un fils de 16 ans, j’ai continué la pratique de ma religion. Notre vieux curé a pris une retraite bien méritée, il y a deux ans, remplacé par un jeune prêtre que je suis amenée à rencontrer souvent : ne travaillant pas, je suis très engagée dans du bénévolat au sein de ma paroisse. Progressivement, un sentiment amoureux pour lui s’est emparé de moi et j’ai l’impression que je ne le laisse pas indifférent. Je me sens de plus en plus mal à l’aise. Que dois-je faire ?

Sylvie R. – 69100 Villeurbanne

La réponse du psychanalyste

Surtout ne pas fuir car tant que vous n’avez pas identifié qui se cache et tout ce qui se cache derrière ce transfert, vous ne serez pas en paix. Deux aspects sont à considérer : en premier lieu, votre couple, en deuxième intention, comment s’est mis en place votre sentiment amoureux pour ce prêtre. Tels que vos propos sont organisés dans votre courrier, il apparaît comme une évidence une difficulté à communiquer avec votre entourage familial et ainsi donc avec votre conjoint. Et même si vos propos ne traduisent pas votre foi comme étant de l’ordre d’un refuge, sorte de fonction compensatoire à un manque affectif, on peut se demander si la religion n’est pas devenue, pour vous, une façon de revendiquer une pseudo liberté, d’autant que vous ne travaillez pas. Effectivement, on imagine très bien la capacité altruiste que vous pouvez développer, en sachant cependant qu’il ne faut rien attendre de très concret ou de très revalorisant en matière de bénévolat. Il peut donc s’agir ici d’une première erreur inconsciente d’interprétation de votre part, déception que vous avez pu masquer, à votre insu, tant que votre vieux curé faisait office de père (idéal bien sûr !) ; dans ce cas, le lien fantasmatique fonctionnait et pouvait, de fait, vous donner l’illusion d’une sorte de gratification. Le bouleversement s’est mis en place avec l’arrivée de ce jeune prêtre sur lequel vous avez réactualisé vos élans amoureux (oedipiens). Son âge présente cependant l’intérêt pour vous de prendre conscience de vos désirs inconscients qui n’ont rien à voir avec la réalité. Il faut, aussi, se méfier du sens que l’on donne aux réactions ou aux attitudes des autres qui ne sont jamais que la manifestation de nos projections. Et si l’on peut comprendre que vous n’ayez pas dévoilé cela à votre mari, ce qui pourrait le blesser ou le dévaloriser, le moment est sûrement venu de vous confier à… ce prêtre. Je pense qu’il sera tout à fait à même de vous faire entrer dans le réel et je suis convaincue que s’il a l’impression que quelque écueil névrotique résiste, il saura vous conseiller de consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste.

 

 

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