J’ai 27 ans et des besoins sexuels très supérieurs à ceux de mes
amies. Je peux dans une même semaine avoir des rapports
(sexuels bien sûr !) avec trois hommes différents (des ex souvent,
qui, de fait, ne le sont pas vraiment ou des rencontres fortuites
dans des bistrots où j’aime observer le genre humain,
bien que j’aie l’alcool en horreur). Je pense que je suis nymphomane.
Donnez-moi votre avis.
Lisa T. – 74000 Evian
La réponse du psychanalyste
La nymphomanie est une pathologie lourde, difficile à supporter et invalidante le plus souvent, ne
serait-ce que par la culpabilité qu’elle génère.
Décrite comme une augmentation du désir chez la
femme, la nymphomanie s’associe à des comportements
provocateurs. Cette accélération récurrente
du rythme des pulsions psychosexuelles a été identifiée
en 1772 par un médecin français, le docteur
D.T. de Bienville, que celui-ci décrivait comme « véritable maladie du sexe » ou encore comme « une fureur utérine ». Et alors que le satyriasis est
mieux toléré chez l’homme par la société bien-pensante,
la nymphomanie souffre d’une très mauvaise
réputation (n’est-ce pas ?) car elle dérange l’ordre
moral. Il en va de même pour d’autres pathologies,
telles l’alcoolisme, la toxicomanie, le voyeurisme,
etc, qui, dès qu’elles touchent à ce que nous
nommons communément plaisir, perturbent.
Ce qu’il faut considérer en tout premier lieu,
c’est votre courrier et comme aurait pu le dire
Lacan, cette affaire vous envahit sans aucun
doute puisque vous m’avez écrit. C’est là qu’il
convient de réfléchir et même si ces quelques lignes ne me permettent pas de vous aider véritablement,
elles m’interpellent essentiellement
en deux points : cette histoire d’« ex » avec
lesquels vous ne rompez donc pas véritablement
et ce lieu privilégié pour vous que vous
nommez « bistrot ». De façon certes un peu
sauvage, je peux émettre l’hypothèse d’un problème
de dépendance liée à une fixation au
stade oral qui nécessite d’avoir recours à un
psychanalyste car il se peut qu’à défaut d’ingurgiter
de l’alcool (y a-t-il eu traumatisme
dans ce registre lorsque vous étiez enfant ?),
vous consommiez de façon abusive de l’homme,
plus que du sexe d’ailleurs. Seul un travail
analytique pourra vous aider à explorer le sens
de vos pulsions dévoreuses, boulimiques mais,
encore une fois, telles que vous livrez vos
angoisses, prenez, dès lors, les choses aux sérieux.
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