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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je souffre de ma ressemblance avec Alesi »


Je déteste le sport en général mais la nature a fait que je ressemble à Jean Alesi. Ne croyez pas que j’exagère car il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un me rappelle que je suis le sosie du coureur automobile. Cela m’agresse au plus haut point et surtout me fait souffrir. Je peux devenir méchant sur ce coup-là, alors que, finalement, c’est plutôt un beau compliment… Pourquoi cette réaction négative ?

Dimitri P. – 38000 Grenoble



La réponse du psychanalyste


Si vous détestez le sport, Dimitri, ce n’est pas par hasard… D’ailleurs, le fait que vous « fixiez » sur cette ressemblance donne à voir un complexe, au sens analytique du terme, dans la mesure où le sport semble, pour vous, à la fois axe de répulsion mais paradoxalement aussi d’attraction. Vous l’avez compris. Pourquoi alors vous êtes-vous interdit inconsciemment toute pratique sportive et que cache cette interdiction ?
Il s’agit-là de la première piste à emprunter et ce chemin vous conduira, à coup sûr, à explorer les ressorts inconscients, si souvent embourbés, mais qui ne demandent cependant qu’à fonctionner. Le plus dur est de démarrer son autoanalyse mais une fois aux commandes de ce véhicule singulier, le bolide offre une mécanique parfaite. Attention toutefois à ne pas emprunter des voies sans issue, encore qu’aux commandes d’une telle merveille, la bonne clé s’impose toujours à soi. Regarder dans le rétroviseur fait partie de la règle du « je » car gare aux accrochages, aux accidents et au retrait pur et simple du permis de conduire ! Certes, vous rencontrerez des stops, des bouchons, des embouteillages mais quel bonheur d’arriver en bon état. D’autant que nos courses contre la montre restent souvent illusoires, a fortiori parce que le temps est relatif et subjectif à la fois. Il arrivera, au volant sur cette route sinueuse, que vous soyez brutalement face à des passages à gué qu’il faudra traverser en vous mouillant ! Mais la vie n’est-elle pas le plus beau des rallyes du monde ? À l’intérieur de soi, notre co-équipier ne peut pas toujours nous être d’un grand secours et nous pouvons buter sur des sens interdits récurrents, faire des demi-tours, abandonner, nous décourager, ou même déjanter pour enfin ré-enclencher le démarreur et trouver le circuit sur lequel nos roues peuvent tourner, huilées à souhaits. Sans le savoir, nous roulons tous dans une Ferrari ; à nous de ne pas considérer que nous nous déplaçons dans une vieille cylindrée du siècle dernier… Ce type d’évitement d’une réalité affligeante nous conduit, une fois de plus, à faire fausse route. Prudence aussi face à de fausses limitations de vitesse ou à l’inverse, devant de fausses priorités, d’autant que nous logeons à l’intérieur de nous un gendarme sévère, le surmoi, qui est là pour nous rappeler à l’ordre, dans un sens comme dans l’autre. Autrement formulé, cette instance redoutable et structurante nous remet, si nous nous égarons, dans la bonne direction. C’est d’ailleurs ce juge implacable qui nous « verbalise » et nous auto-censure ! Ce procès verbal, comme une bonne loi, nous oblige à attacher notre ceinture de sécurité et donc à la boucler ! Bonne route, Dimitri et surtout, « allez-y »…

 

 

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