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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je suis hypersommniaque »


J’ai trente ans et voici sept ans que je souffre d’hypersomnie. Je peux m’endormir brutalement n’importe où et mon mari angoisse de plus en plus car je suis amenée à prendre le volant, à conduire notre fille de huit ans à l’école (nous habitons en campagne). Suivie médicalement, pouvez-vous m’indiquez si le recours à une psychanalyse pourrait contribuer à régler ce problème de santé ?

Corinne P. – 13530 Trets

La réponse du psychanalyste

Vous avez tout à fait raison d’utiliser le terme « contribuer » en l’associant à une possible aide psychanalytique car, effectivement, l’hypersomnie ne peut, dès lors qu’elle se déclare, se passer d’un suivi médical. Pour autant, et si la médecine soigne l’effet, le symptôme, la méthode freudienne considère la cause et c’est en ce sens qu’une cure analytique peut participer à la disparition dudit symptôme. D’autant que, comme vous le soulignez, ce symptôme-là est particulièrement invalidant et angoissant quant aux risques qu’il fait courir au sujet hypersomniaque et à son entourage. Cet état pathologique ne permet en aucun cas de lutter contre les malaises hypniques. Il ne suffit pas d’avoir des nuits suffisamment longues pour contrôler cette rupture brusque d’avec un état de veille, d’éveil ou de vigilance. La volonté du malade ne peut intervenir. Cependant, deux manifestations un peu différentes sont à prendre en compte face à l’hypersomnie. Dans cette propension à l’excès de besoin de sommeil, on constate soit un allongement pathologique du temps moyen de sommeil (qui prend en considération l’âge de l’hypersomniaque), soit, ce qui semble être votre cas, des changements de comportement brutaux qui échappent à toute logique, plongeant soudainement, et sans crier gare, l’individu dans un profond sommeil ; il s’agit, dans cette deuxième possibilité, de la narcolepsie, appelée encore syndrome de Gelineau, qui associe la cataplexie, la cataplexie objectivant, en plus de la nécessité incontrôlée de dormir, une réduction importante de la capacité musculaire. Ainsi, dans la narcolepsie-cataplexie, les manifestations pathologiques interviennent directement après un excès émotionnel hyperactif, comme le fou-rire, les larmes, la peur, etc et c’est ce en quoi la psychanalyse peut être efficace. De toute façon, pour tout inconscient et indépendamment de son rôle d’équilibre psycho-physiologique, le sommeil est un état de régression, certes salvateur dans son principe mais qui peut intervenir comme possible fuite ou évitement lors de situations familiales ou professionnelles jugées pénibles. Votre courrier met en exergue la rapidité de la survenue de votre hypersomnie objectivable un an après la naissance de votre fille. Un psychanalyste pourra – c’est certain – vous permettre d’explorer cette toute première piste qui ne sera que le début d’un long chemin fait de prises de conscience, de dédramatisations, de situations enfouies, refoulées et tenues à distance. Vous pourrez découvrir alors que conduire sa vie est une aventure passionnante qui vous tiendra de plus en plus en haleine, en éveil et qui ne vous donnera certainement plus jamais envie de dormir…

 

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