Mon ami me trompe avec la fille du P.D.G. de son entreprise. Elle est superficielle alors que, lui, est un intellectuel ; elle est vulgaire alors qu’il est raffiné. En somme, elle représente tout ce qu’il déteste. Lorsque je parle séparation, il me dit que ça le rend triste. Je n’arrive pas à prendre l’ultime décision car j’ai peur de le regretter. À votre avis, laquelle de nous deux va gagner ?
Claire R. – 38100 Grenoble
La réponse du psychanalyste
Votre lettre fournit peu d’éléments quant à votre
position socio-professionnelle mais vous semblez
poser l’entreprise comme rivale. Vous ne précisez
pas non plus l’importance de l’investissement de
votre ami dans son métier. Par ailleurs, le terme
séparation demeure ambivalent tel que vous l’introduisez
car il implicite, quoi qu’il en soit, la possibilité
d’une rupture professionnelle. L’ensemble du
contenu de votre courrier appelle à la prudence ; en
effet, basiquement, l’attitude de votre ami prend
valeur de miroir, d’où votre réflexion. On peut
considérer qu’il vous lance un S.O.S. dans le sens
d’une remise en question, d’autant que le rôle de
l’entreprise est, a priori, de construire. Vos propos
sont lapidaires, voire définitifs, et traduisent ainsi
une difficulté à communiquer dans la mesure où
tout relationnel se fonde et s’échafaude sur des projets
communs. En résumé, l’attitude de votre ami
peut signifier une absence de prise en compte de ses
désirs mais encore faudrait-il que vous puissiez
identifier les vôtres. Pour ce faire, il ne faut pas
chercher à gagner, ce qui impliquerait son corollaire
inversé : perdre. Or la perte appartient au domaine
du phantasme ; l’ultime décision à laquelle vous
faites allusion renvoie à une difficulté pour vous
d’entreprendre. Mais, tout passage à l’acte permet
de naître à soi-même. Ainsi, le défi que vous hésitez à vous lancer peut-il être tout simplement de
créer !
|