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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Ma fille refuse de s’habiller toute seule »


Outre les crises de nerfs que je pique tous les jours au moment d’habiller ma fille de 7 ans, Élodie, qui refuse de le faire elle-même, je commence à être sérieusement inquiète de son comportement. Punitions ou récompenses promises, rien n’y fait. Je suis excédée.

Louise M. – 45500 Gien

La réponse du psychanalyste

Il est bien évident que votre fille cherche à vous faire sortir de vos gonds et elle y parvient très bien. Je présume que vous avez dû tout essayer et que même les attitudes simples n’obtiennent aucun résultat, comme la laisser se débrouiller seule, par exemple. Sa persistance à vouloir vous contrôler traduit le fait que vous l’avez certainement trop longtemps assistée, c’est-à-dire qu’à un âge où elle aurait déjà pu commencer à se vêtir elle-même, certes maladroitement, vous deviez vous y opposer fermement. Les prétextes, dans ces attitudes maternelles, sont souvent les mêmes : manque de temps ou tenue choisie par l’enfant non conforme au goût des parents… Élodie peut aussi avoir l’impression que vous ne lui laissez pas tout à fait une autonomie suffisante, conforme à ses désirs, lors d’achats de vêtements. Ainsi donc, votre enfant reste fixée inconsciemment à un désaccord entre vous deux lorsque, plus petite, elle cherchait à être autonome. Elle a pu imaginer que vous ne lui faisiez pas confiance à ce moment-là et interpréter ses élans spontanés de grande fille de l’époque comme des maladresses. Et ce, d’autant plus, si votre voix et votre regard se faisaient réprobateurs. Cependant, ce manque d’assurance en elle qu’Élodie traduit par une force d’inertie rebelle peut se résoudre en déplaçant sa problématique sur des actes qu’elle pourrait poser (sous votre bienveillance) et qui lui permettraient de s’affirmer progressivement. Ainsi, vous pourriez lui confier la préparation d’un gâteau, lui suggérer d’écrire une lettre (que vous ne relirez pas) à un membre de la famille, l’encourager à se servir de sa bicyclette sur un chemin de campagne sur lequel vous l’accompagnerez, plutôt qu’au parc, ou encore l’inciter à préparer son goûter elle-même… Je sais que, perfectionniste comme vous l’êtes, vous ne manquerez pas d’idées. Je sais aussi que, rapidement, une belle entente entre vous deux se rétablira et se manifestera. Heureusement, à l’âge de sept ans, tout est encore possible et l’enfant ne demande qu’à réintégrer une situation paisible. Tout simplement parce que ça le déculpabilise.

 

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