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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Ma soeur s'automédique. Court-elle un risque ? »


Ma soeur Monica prend de plus en plus l’habitude de s’automédiquer. Court-elle un risque ? »

Marianne, 40 ans

La réponse du psychanalyste

La question que soulève Marianne est d’une grande importance. D’ailleurs, une enquête réalisée en France, en 2004, donne à constater que 39 % de sa population a une propension à prendre des médicaments sans avis médical ! D’où vient cette habitude ? Cette même enquête restitue majoritairement que les personnes interrogées justifient le fait de s’automédiquer par manque de temps, en premier lieu. En second lieu, elles indiquent la difficulté à avoir un rendez-vous facilement avec le médecin. C’est-à-dire quand elles considèrent qu’elles sont libres et donc que leur agenda le leur permet… En troisième lieu, ces mêmes personnes disent avoir de moins en moins confiance dans le corps médical ! Et, enfin, elles redoutent la spirale infernale des examens médicaux dès lors que leur plainte n’aboutit pas rapidement à un diagnostic objectif. Mais où est véritablement le fond du problème ? Le fait de s’automédiquer systématiquement traduit, pour la psychanalyse en particulier, un état de solitude. Effectivement, le geste récurrent lié à l’automédication systématique exprime un repli sur soi qui peut friser ce que Sigmund Freud appelait état de détresse. Encore implicite, il y a dans ce type de passage à l’acte déjà comme un S.O.S. On le constate d’ailleurs à l’attitude de Marianne : sa soeur capte son attention au point de l’angoisser et de nous écrire ! Monica, telle qu’elle nous est présentée, projette innocemment (c’est-à-dire inconsciemment) sur son entourage, quel qu’il soit, comme un déni de celui-ci. De fait, Monica court-elle un risque ? Oui, encore une fois du point de vue de la psychanalyse. C’est l’escalade dans la prise de médicaments, hors ordonnance et surveillance médicale, qui doit alerter. Le médicament, tout aussi anodin qu’il puisse paraître, est un étayage, une béquille redoutable. Il ne faut pas entrer dans ce cycle vite banalisé qui peut, un jour, fabriquer une forme d’addiction peu toxique en apparence mais autodestructrice dans son intentionnalité.

 

 

 

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