Je ne viens pas à bout de mon chien insupportable. Max est un labrador de bientôt deux ans
et il me cause beaucoup de soucis. II déchiquète tout sur son passage. Rien ne lui résiste. Le
vétérinaire me dit que les choses vont se tasser. Mais je n’en peux plus. Mon chien est un cadeau
de rupture de mon ex-petit ami, Stéphane. Étudiante en psychologie, je sais que j’ai quelque
chose à comprendre...

Linda S. – 69130 Ecully

La réponse du psychanalyste

Et vous avez raison. D’autant que je sais que votre lettre est sérieuse et qu’il ne s’agit pas d’une plaisanterie de votre part. Bien sûr, et vous l’avez compris, Max n’est pour rien dans tout cela... Compte tenu de vos études, vous savez ce qu’est une projection. Ce mécanisme de défense nous permet de loger en l’autre ce qui nous gêne ou nous a fait mal au point de vouloir réparer. Ainsi, nous pouvons assister à des comportements d’humains, pourtant adultes, consternants (mettre une serviette autour du cou de son caniche au moment du repas, par exemple). Et si pour l’enfant, l’animal est un excellent moyen de se débarrasser de ses histoires fantasmatiques d’amour (interdit) et de haine (censurée), passé le cap de la seizième année, la confusion ne doit plus être de mise. S’il n’est pas rare de voir un bambin tirer la queue de son chat et le câliner deux secondes après (par culpabilité), il est plus dérangeant d’entendre une personne s’adresser à son animal (souvent dit de compagnie) comme elle le ferait avec un enfant ou un être de langage. Certains maîtres ou maîtresses disent même qu’il ne manque plus que la parole à leur compagnon à quatre pattes... Rien de très grave ici, assurément. Mais, pour répondre plus précisément à votre question, que Max soit associé à votre rupture, par Stéphane lui-même, fait réaliser combien ce cadeau est empoisonné. Cet homme vous a quittée physiquement mais s’est arrangé pour que vous ne l’oubliiez pas... Difficile de faire le deuil de cette relation dans ces conditions. Et pourtant, le fait d’utiliser le qualificatif insupportable pour décrire votre chien signifie que Stéphane vous était pénible à supporter. Et qu’il vous causait bien des soucis. Déchiquetant tout sur son passage, rien (ni aucune femme ?) ne lui résistait. N’a-t-il pas brisé votre coeur ? Décidément, Linda, vous n’avez rien perdu avec le départ de votre ex-petit ami. Max est là pour vous en faire prendre conscience. A chacun son miroir. Je pense que vous avez dû passer sur beaucoup d’agissements ou d’attitudes discutables chez votre partenaire. Certes, vous avez eu raison de ne pas le tenir en laisse ! Ça n’aurait rien changé. Il suffit juste maintenant que vous considériez votre labrador comme ne pouvant avoir voix au chapitre en dehors de son cadre spécifique. Mais, cependant, peut-être ne le promenez-vous pas suffisamment... de peur qu’il ne vous échappe, lui aussi ?