Je craque, je n’en peux plus, Sylvio, mon mari, est cancérophobe. Je suis
obligée de le conduire deux ou trois fois par mois chez le médecin car le
moindre bobo devient pour lui prétexte à se précipiter sur Internet pour
consulter les sites médicaux et en savoir un peu plus sur cette funeste maladie.
D’accord, je ne travaille pas mais je n’en peux plus de vivre dans
une ambiance de malade. C’est malsain…
Corinne A. – 84100 Orange
La réponse du psychanalyste
Vous craquez, vous êtes obligée, vous vivez dans
une ambiance de malade… Si vous ne travaillez
pas socialement, vous faites tout pour que l’hypocondrie
de votre mari ait des répercussions malsaines
(effectivement) sur vous. Dans votre couple,
on assiste à une mauvaise complémentarité
dans laquelle on ne sait pas très bien qui est la
béquille de qui. D’ailleurs, vous pourriez tout
aussi bien être vous-même cancérophobe tant
votre état émotionnel apparaît exacerbé. En admettant
que Sylvio ait une angoisse récurrente de
développer un cancer, de toute façon vous n’êtes
pas son psy. Ma réponse à votre courrier ne peut
qu’être bien banale : cessez d’être son infirmière.
Je me demande d’ailleurs si cette profession ne
vous attire pas quelque part… Mais c’est une autre
histoire. Quoique ! Il est nécessaire à partir de
maintenant, Corinne, que vous envisagiez votre
couple autrement que scellé par une menace de
maladie. Malheureusement, même dévouée, abandonnez
l’idée que les malheurs solidifient et sécurisent
les unions conjugales. Ce n’est pas toujours
le cas. Dédramatisez les propos de Sylvio quand il
revient sur sa phobie et, surtout, ne l’alimentez pas
en lui prenant systématiquement la main. Vous
verrez que ses angoisses s’allègeront. Et puis – et
quoi qu’il en soit – la route n’est pas si longue que ça pour chacun d’entre nous, alors profitez-en bien,
sortez, vivez puisque c’est encore d’actualité…
|