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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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  « Je n’éprouve plus aucun désir pour ma femme »  
 


Jeanne, ma femme, a beaucoup grossi. Elle n’a pas perdu les kilos pris lors de sa grossesse. Voilà donc un an que je n’éprouve plus aucun désir pour elle. J’ai peur que notre couple se termine par un divorce. Comment éviter d’en arriver là ?

Jean-Pierre R. - 84100 Orange

La réponse du psychanalyste

Je pense qu’à tous les deux, effectivement, vous faites la paire ! Si ma réaction est lapidaire, c’est parce que vous me donnez l’impression d’occulter totalement le bénéfice inconscient que vous retirez de ce que vous implicitez comme étant de l’ordre d’une certaine répulsion. En fait, et à votre insu bien sûr, vous entretenez - tout autant que Jeanne - le processus. Par tabou (de l’inceste) interposé et non résolu, vous fantasmez maintenant coucher avec la mère. Et si votre épouse est devenue maman, elle n’en est pas moins toujours une femme. Positionnez-vous pour la reconnaître à nouveau comme vous l’avez aimée. Cette attitude nécessite quelques passages à l’acte. Et même si ceux-ci, au début, vous donnent l’impression de devoir faire des efforts, vous verrez rapidement des modifications notables se mettre en place chez votre femme. Le fait, par exemple, de l’inviter au restaurant peut lui faire prendre véritablement conscience qu’elle ne rentre plus dans la jupe qui lui allait si bien avant sa maternité. Et qui attirait autant votre regard sur elle que celui des copains... Il faut savoir, Jean-Pierre, que tout a un prix dans l’existence. Les kilos en trop de Jeanne masquent habilement votre jalousie. Je ne pense pas que ce soit vous qui me démentirez : n’êtes-vous pas un mari possessif ? Vous vous êtes progressivement positionné pour que votre charmante jeune femme soit de moins en moins désirable... Ne l’avez-vous pas, autre exemple, encouragée à manger pour deux pendant sa grossesse ? N’avez-vous pas, durant cette période propice, favorisé aussi les fameuses envies liées à la gestation ? Ne l’avez-vous pas, pendant de nombreuses semaines, poussée à se reposer au maximum et à faire beaucoup de chaise longue ? Le plus logique consiste à remettre les choses à plat. Posez-vous honnêtement une question intéressante : en quoi la maternité est-elle synonyme pour vous de rupture, d’abandon ? C’est votre réponse qui vous permettra d’éviter une séparation pour rien.

 

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