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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Je suis de plus en plus suicidaire »


Que puis-je faire pour m’en sortir psychologiquement : ma mère, mon père, mon mari et mon fils unique de 2 ans ont péri ensemble dans un très grave accident de la circulation. J’ai tout perdu. Je n’avance plus et deviens de plus en plus suicidaire, bien que je sois catholique pratiquante ?

Sabine S. – 84200 Carpentras

La réponse du psychanalyste

Il est bien sûr très difficile de répondre à votre douleur. Cependant, il faut entendre que chaque individu a une destinée totalement indépendante de la nôtre. Tout comme nous avons une destinée différente (malgré certaines apparences) de celle des autres. Ce n’est pas la présence de votre famille qui vous nourrissait jusque-là. Vous l’avez cru et vous y croyez encore. D’ailleurs, si l’on s’appuie sur une référence symbolique, le Christ nous est représenté le plus souvent coupé de ses liens familiaux. Ne dit-il pas lorsqu’on vient lui annoncer que sa mère et ses frères et soeurs le cherchent et qu’il est en train de prêcher : Qui est ma mère ? Et en désignant l’assemblée d’ajouter: Mes frères et soeurs sont là… Ainsi, individué fondamentalement, l’être humain peut et doit trouver les ressources en lui. Jacques Lacan, à sa façon, ne manquait pas de rappeler que toute question se fonde sur une réponse… En fait, la nôtre ! Dépasser l’horreur de votre situation consiste à prendre conscience que vous n’avez pas d’autre choix que de vous centrer sur vous, d’autant que vous aussi vous êtes mortelle… Vous devez progressivement réapprivoiser le plaisir, car vous n’êtes pour rien dans le départ brutal de votre famille. Pour que cette suggestion marche, il faut vous mettre en lien avec d’autres personnes mais qui n’ont pas connu le même drame que vous. De la sorte et paradoxalement parce que vous ne vous sentirez pas vraiment comprise, vous entrerez à votre rythme dans un processus de dédramatisation. La mort de nos proches n’a pas pour sens de nous empêcher de vivre. C’est encore le Christ qui nous l’enseigne avec fermeté et sagesse : Laissons les morts ensevelir les morts, nous impose-t-il avec logique.

 

 

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