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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« Suis-je parano ? »


On me dit souvent que je n’accepte aucune critique et, à la réflexion, c’est vrai. Cette difficulté me poursuit jusque dans mon travail où je rencontre de grandes difficultés avec mes supérieurs hiérarchiques. Il faut que j’aie raison sur tout, envers et contre tous. Je connais ma mauvaise foi et j’en souffre. Suis-je parano ?


Aline S. – 54170 Colombey les Belles

 

La réponse du psychanalyste

Répondre à cette question nous entraînerait dans des explications trop théoriques qui n’apporteraient aucun soulagement à votre souffrance. Plus simplement, vos réactions, telles que vous les présentez, traduisent un profond sentiment d’injustice que vous avez dû éprouver très jeune, à tort ou à raison, dans le sens où vous n’avez pas été entendue. Cet état vous a suffisamment perturbée pour qu’adulte, vous ne l’ayez pas liquidé. Que signifie donc cette tendance marquée à vouloir avoir raison sur tout ? 
Indépendamment de la recherche de conflits qui plane toujours dans ce cas-là, il est question, pour votre inconscient, d’essayer de ne plus prendre le risque d’être déniée et donc dévalorisée. En d’autres termes, vos attitudes compulsives sont liées à une revendication narcissique quasi permanente qui exclut, à elle seule, toute prise en compte de l’avis de l’autre, à la façon d’ailleurs un peu d’une petite vengeance. Pour sortir de ce ghetto, puisqu’il s’agit bien, dans le tableau que vous décrivez, d’un véritable enfermement, il suffit de ne plus être sourde à vos propres besoins. Ainsi ne faut-il plus développer de critères d’appréciation vis-à-vis de votre entourage ; il apparaît cependant nécessaire d’adopter un comportement régulier d’évaluation de vous-même. Recentrée, si un jugement concernant vos proches jaillit, cette réaction traduira effectivement un processus un peu parano. Pour chasser ce mauvais réflexe, il convient de réfléchir à ce que cette situation, négativée par vos mécanismes de défense, évoque et affecte en vous ; très vite, vous prendrez l’habitude d’être à votre écoute ; progressivement, vous vous préparerez à la rencontre d’avec vous-même et ce, plus rapidement que ce que vous ne pouvez l’imaginer. Vous arrêterez petit à petit les projections et ces mini-exercices relationnels amèneront, avec certitude, la clef de votre libération.

 

 

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