Le diagnostic est tombé comme un couperet. Nous ne pourrons jamais avoir d’enfant (mon mari est azoospermique). Aussi désirons-nous adopter. Cependant, au lieu d’imaginer un beau bébé, je me projette déjà dans l’adolescence de celui-ci et envisage qu’il pourra être délinquant : effectivement, nous ne saurons rien sur ses géniteurs et leurs antécédents. Est-ce un mauvais pressentiment ?

Clémentine Y. - 26000 Valence

La réponse du psychanalyste

Avant de répondre précisément à votre question, s’il suffisait que les parents biologiques soient sains de corps et d’esprit pour que leur enfant ne dérive pas un jour, ça se saurait ! D’autant que l’inverse existe aussi, fort heureusement… En outre et du point de vue de la psychanalyse, il est une évidence : vous n’êtes absolument pas prête pour la moindre adoption. Un travail préalable à ce type de démarche s’impose pour vous. En attendant, pour soulager votre souffrance psychologique et le déclenchement particulièrement négatif de votre imaginaire, essayez de vous remémorer qui, dans votre enfance, a particulièrement dérivé à l’adolescence ; un frère aîné, un jeune oncle, un cousin, un voisin ? Je pense que vous allez sûrement retrouver une situation de cet ordre qui a visiblement laissé des traces chez vous. L’avantage sera déjà de vous débarrasser d’une difficulté d’une autre époque qui n’a donc plus sa raison d’être. Les répétitions négatives se manifestent (à notre insu) tant que nous n’en avons pas identifié la racine. Ensuite, un vrai travail psychologique pourra vous permettre de liquider en profondeur tout processus de confusion. Ceci dit, félicitations pour autant de vigilance ; une adoption ne doit en aucun cas générer la mise en place d’un bouc émissaire en la personne de l’adopté. Celui-ci devrait toujours être épargné du moindre risque de projection de la part des adoptants. Il est certain que vous en avez conscience...