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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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  « Je n’arrive pas à lui pardonner son IVG »  
 

 

Marié depuis trois ans avec Justine, nous avons la chance de faire construire notre villa actuellement. Ma femme est tombée enceinte il y a six mois et a eu recours à une IVG, contre mon gré. Elle n’a pas voulu garder le bébé par peur de difficultés financières liées aux traites de la maison. Je n’arrive pas à lui pardonner. Comment stopper ma colère intérieure ?

Fabrice C. – 07000 Privas

La réponse du psychanalyste

L’interprétation que donne Justine de sa décision d’IVG n’est pas convaincante, bien entendu. Et c’est là où le bât blesse pour vous. Il est bien évident que compte tenu de la durée d’un crédit immobilier, la situation vous angoisse. Votre épouse vous menace inconsciemment d’éventuellement ne jamais vous donner la joie d’être père. Il est certain qu’elle projette ses propres peurs sur vous.
Que cachent en réalité celles-ci ?
Seul un travail sur elle donnerait des pistes sérieuses… Cependant, un verbe a attiré mon attention : « tomber » enceinte. Même si une expression populaire véhicule facilement ce terme, il indique à lui tout seul une difficulté chez vous. Y a-t-il eu, à votre connaissance, des décès d’enfants dans votre filiation, dans votre fratrie ? Avez-vous subodoré ou entendu parler d’IVG dans votre famille? Quoi qu’il en soit, ce verbe tomber renferme le son tombe. Ce qui signifie que vos propres angoisses peuvent, à votre insu, être véhiculées dans votre couple. L’inconscient a une façon singulière d’utiliser des processus d’évitement notamment et ceux-ci peuvent modifier complètement communication, décisions et passages à l’acte. Sigmund Freud disait que les névroses ont l’art de s’attirer et de se compléter. Autrement dit, pardonner commence toujours par prendre en compte notre propre part de responsabilité dans les attitudes et les agissements de notre partenaire. Et si les quelques interrogations que j’ai soulevées n’apportent aucune réponse suffisante, n’hésitez pas à consulter un psychanalyste. Parfois, les traumatismes sont particulièrement refoulés, masqués. Enfin, n’oubliez jamais que dans un couple, les blocages se jouent à deux. Il est temps que vous quittiez le schéma facile d’une responsabilité unique projetée sur la tête de Justine. D’autant que c’est aussi à deux qu’on fait un bébé…

 

 

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