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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Chasser nos peurs


Les psychanalystes sont consultés essentiellement par des patients qui ont peur. C’est donc l’ensemble d’une profession qui se trouve concernée par l’écoute de ce sentiment singulier. La littérature psychanalytique, du moins dans ses postulats, utilise le terme angoisse realangest dès 1926, a priori pour insister sur la différence fondamentale entre cause et effet ou encore entre comment et pourquoi. Dans un même registre, rappelons et soulignons, comme l’indique le « Vocabulaire de la Psychanalyse » (Puf), que « la peur aurait un objet déterminée et l’angoisse se définirait par l’absence d’objet ». La peur est donc un symptôme qui demande à explorer ce qui se cache derrière mais il se révèle tout aussi intéressant d’envisager la peur comme de l’ordre d’un signal qui prévient d’un changement nécessaire à effectuer. Ainsi, sans en faire une alliée systématique, il est objectif d’admettre qu’elle fait partie du quotidien. Mais est-il alors bien raisonnable de vouloir chasser nos peurs ?
La réponse par l’affirmative s’impose puisque l’individu gagne progressivement en confort de vie, retrouvant de plus en plus d’énergie qu’il réinvestit ainsi dans d’autres champs, ceux-ci mêmes qui le confrontent, à coup sûr ( !), à de nouvelles peurs… qu’il s’agira de surmonter et de dépasser à leur tour. Pourtant, force est de constater que la peur paralyse aussi parfois, faisant de soi une victime inhibée qui connaîtra de grandes difficultés à sortir de cette impasse. Pour remédier à cette régression invalidante, il y a obligation de consulter un spécialiste ; effectivement, si la peur se soigne, un seuil pathologique ne permet plus de gérer seul(e) ce dysfonctionnement, d’autant qu’à plus ou moins long terme, le risque serait de quitter la vie. Quant à la fuite et à l’évitement face à des situations phobogènes, ces deux attitudes défensives ne résolvent pas la problématique de fond. Ainsi, chasser nos peurs ne peut s’envisager qu’à condition de ne pas sous-estimer leur portée car, si nous sommes facilement enclins à fabriquer des scenarii catastrophes, il ne s’agit pas non plus de banaliser cette réaction, tout aussi humaine soit-elle. Un scénario angoissant que l’on n’arrive pas à démonter soi-même est à prendre très au sérieux puisque n’oublions pas que la peur concerne, avant tout, le domaine de la santé.


 

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