Il est curieux de constater qu’il semble plus facile de se mettre devant un chevalet pour peindre que devant une feuille de papier pour écrire… Certes, dès qu’il le peut, le petit d’Homme se lance dans de savants gribouillis, cherchant déjà à imprégner l’Univers de son passage. Notons aussi qu’à la maternelle, à l’école primaire ou au lycée, l’élan artistique est rarement sanctionné. Les critères académiques, sélectifs, attirent le regard réprobateur du Maître s’ils sont transgressés mais l’enjeu se veut alors professionnel. Quant à la maison, le dessin de l’enfant reçoit toujours, quelle qu’en soit sa qualité graphique, des éloges… partisans ! Par contre, l’orthographe, le style grammatical, la syntaxe, peuvent attirer les foudres dès le CP de la part de l’enseignant et des parents… De quoi tisser et sédimenter des complexes qui barrent la route au plus petit désir de rédaction d’un modeste poème. Pourtant, l’expression écrite abrite bien des vertus, y compris thérapeutiques. Une juste et saine distance s’installe avec le psychisme complètement abstrait que le geste lié au crayon, au stylo ou maintenant à l’ordinateur, rendra concret. Un écrit est une communication, une transmission qui se partage en silence – le plus souvent – avec un entourage qui en a l’envie car, comme le dit Jacques Salomé, un livre a toujours deux auteurs : celui qui l’écrit et celui qui le lit…