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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Être naturel


La vraie communication ne s’embarrasse ni d’hésitations, ni de circonvolutions. Il est bien agréable de parler librement. Il s’agit d’une parole pleine qui fait sens. Il fait bon d’ailleurs écouter un interlocuteur évoquer naturellement son quotidien. Sans faux-fuyants, sans affabulations, sans exagération, sans fausse modestie. Mais si c’était si simple, ça se saurait ! Qu’en est-il alors, à l’inverse, de nos angoisses à nous livrer, tandis que la parole fait l’humain ? Ceci dit, cette particularité l’affecte aussi potentiellement à entendre nos fréquents lapsus linguae... Et d’ailleurs, si ceux-ci nous trahissent, souvent pour notre plus grande gêne, c’est bien qu’il y a du complexe dans l’air ! De fait, chercher à tout contrôler de nos possibles failles ou vouloir essayer de maîtriser l’ensemble de nos comportements constitue autant d’attitudes volontaristes qui n’aboutissent qu’à un maigre résultat. Une certaine psychorigidité découle de ces pseudo anticipations et c’est ainsi que l’entourage finit par fuir les sujets en auto-observation permanente. Du côté du corps, la situation peut s’avérer tout aussi... complexe ! Souci de perfection pathologique et hyper maniaquerie aboutissent à déguiser le sujet, en quête obsessionnelle de perfection, en une caricature déshumanisée qui présente, en fait, des difficultés à avancer. Car, en règle générale, tout lifting, au propre comme au figuré, mobilise une très grande énergie qui manquera pour des passages à l’acte évolutifs. La solution consiste donc à cultiver ses complexes ! Ils ont des choses à nous dire. Il suffit de les interroger, ils nous répondront positivement... Toujours. C’est Carine qui a enfin compris que ses culottes de cheval, qui la désespéraient, lui signalaient en permanence son amour pour les animaux et la nature, elle qui a fini par trouver une place de secrétaire à la SPA. C’est Michel qui s’est entendu dire par un de ses supérieurs hiérarchiques que sa calvitie quasi-totale lui donnait une apparence d’homme accompli et qui s’est vu confier des entretiens à responsabilité. C’est une adorable petite fille de sept ans qui fait de son lourd handicap une chance de plus pour réussir sa vie : première de sa classe, elle récupère instinctivement toute une énergie qu’elle utilise pour oublier qu’elle n’est pas physiquement comme ses camarades... Quelles belles leçons, comme autant d’exemples pluriels qui pourraient remplir les pages d’un livre. Et c’est ainsi que si nos complexes nous renvoient douloureusement à une singularité qui nous limite et nous réduit en apparence, cessons de nous critiquer. Car, à force de déformer inconsciemment ce que nous sommes en réalité, nous pourrions le regretter. À sous-estimer nos qualités, celles qui compensent largement ce que nous nommons défauts (des faux?), nous passerions à côté d’un petit miracle quotidien : la vie, c’est-à-dire le naturel.

 

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