L’année 2010 a vu – une énième fois – la psychanalyse décriée, pour ne pas dire ridiculisée, bafouée, par une littérature pseudo-informative dont il serait bien difficile d’étiqueter quel manque à être ou quelles fixations plus que névrotiques, projetées sur des pages se voulant blanches, ont permis autant de salissures, d’inepties, d’incompétences, d’incohérences… Ceci dit, rien de rare ici : n’oublions pas que Sigmund Freud, souffrant de critiques infondées, avait signifié en son temps que « la bêtise fait plus de dégâts que la maladie » ! Jacques Lacan, en proie à une tonne d’incompréhensions à une époque pourtant plus ouverte au champ inconscient, avait à son tour assuré qu’« il n’y a pas de cons en psychanalyse » ! Si ce billet d’humeur intervient très a posteriori de certaines digressions intempestives, la raison en est simple : la méthode freudienne demande de prendre du recul par rapport au déchaînement non maîtrisé de Thanatos. En outre, la psychanalyse est une méthode avant tout préventive. Ces quelques lignes sont là, tel un bouclier, pour que des propos récurrents dirigés contre une discipline dont l’un des sens, finalement, est d’humaniser un peu plus ses analysants – ne reviennent polluer des patients qui, progressivement, s’autorisent à prendre leur place, poser un principe de guérison sur des blessures enfouies, retrouver une envie de vivre malgré aléas ou drames… Toutefois, la psychanalyse commence à être une vieille dame de près de 120 ans tout de même ! Et la question qui reste en suspens consiste à se demander à qui viendrait à l’idée de bousculer une personne aussi âgée, qui a oeuvré sans relâche, fait ses preuves, tenu debout contre vents et marées malgré de multiples trahisons ? Mais qui contribue aussi à éviter bien des suicides, dépression, mélancolie, harcèlements en tout genre, identification à l’agresseur… entre autres… Sans oublier ces couples désespérés de ne pas être parents et qui accueillent avec joie, soulagement et fierté, quelque temps plus tard – « divan » aidant – leur premier enfant. Car la psychanalyse, c’est aussi tout ça… Pourtant, toujours au cours de l’année 2010, on a entendu que la méthode freudienne, c’est du placebo ! Quelle ignorance ! La psychanalyse exige de savoir faire travailler l’inconscient, cette partie cachée de l’individu qui tient les commandes, souvent pour le pire, comme nous l’avons compris. Cette méthodologie spécifique ne se trouve pas accessible dans les livres. Même si quelques-uns fantasment pouvoir s’approprier l’oeuvre de Freud et ses postulats en quelques mois… Ainsi la psychanalyse appartient-elle toujours aux grandes traditions orales et ne peut être sérieusement transmise que par didacticien interposé ! Il est du reste toujours curieux de constater que ce sont les individus qui auraient le plus besoin d’une analyse qui ne consultent jamais ! On pourrait alors en profiter pour leur glisser une phrase célèbre de Françoise Dolto : « La psychanalyse, c’est une méthode, elle est con comme la lune mais quand on l’applique, ça marche » ! Ainsi et puisque cette discipline est avant tout une écoute et une analyse du langage, je me permets de souhaiter à cette précieuse alliée, du fond du coeur et avec beaucoup d’optimisme, une excellente « fin damnée »…