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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Guérir



La psychanalyse ne constituant pas une thérapie à proprement parler, n’est-ce pas une gageure que de vouloir associer psychanalyse « et » santé ? Et pourtant, l’analysant ne cherche-t-il pas quelque part à guérir de lui-même au travers de la cure ? Au tout début de la cure, plus précisément, période durant laquelle il attend un résultat ; il désire obtenir l’assurance d’un principe de guérison, pour accepter petit à petit l’idée que persister dans cette voie serait un leurre par les limites que ce processus entraînerait. Il découvre peu à peu la direction de son analyse, se transforme, se métamorphose ; il évolue et c’est là l’important. Est-ce à dire qu’il faille bannir le terme guérir ? La réponse ne peut s’envisager qu’abordée sous l’angle du symptôme. Si le Larousse va dans le sens de la médecine en définissant le symptôme comme un «phénomène qui révèle un trouble fonctionnel ou une lésion», la psychanalyse n’y voit pas la marque d’une maladie mais l’extériorisation d’un conflit inconscient. C’est cette nuance qui sépare la psychanalyse de la médecine. Faut-il alors regretter la dissidence entre ces deux parties ? Assurément car Jacques Lacan lui-même a souligné dans « Conférences et entretiens » que l’analysant peut revendiquer la cessation des symptômes grâce à la cure. Quant au médecin, il ne peut plus ignorer, voire nier le rôle de l’inconscient. Ainsi, guérir impliquant justement une délivrance avec la disparition du symptôme, il serait plus logique que ces deux professions cherchent à travailler de pair, le médecin restant le soignant en anéantissant la maladie, le psychanalyste en éradiquant les causes. Mais la santé appréhendée sous l’angle analytique serait-elle alors reléguée au second plan ? En quelque sorte puisque l’analysant ne se vit pas comme un patient. Ne parle-t-on pas de travail analytique ? Le malade interroge, l’analysant s’interroge. Le malade est inquiet, l’analysant est curieux. Le médecin rassure, l’analyste hystérise, stimule comme disait Freud. Cependant, ces deux corporations soulagent symptôme et inconscient, ce qui revient d’ailleurs au même. Mais peut-on ainsi parler d’un effet placebo véhiculé aussi bien par le médecin que par le psychanalyste ? Lacan signifiant que « l’impossible c’est le réel » induit cette notion d’illusion et pousser son raisonnement peut donc amener à espérer que l’ambition de la psychanalyse et de la médecine devraient avoir en commun, quoi qu’il en soit, l’humilité…

 

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