Reconnaissons que les publications vont majoritairement dans le même sens depuis deux ou trois décennies, préconisant une certaine exigence vis-à-vis de soi : être heureux, c’est-à-dire se sentir bien dans sa tête et dans son corps. Si les moult conseils véhiculés – voire même assénés – contiennent parfois quelques absurdités à la limite du ridicule, toujours est-il que grand nombre d’articles ensoleillent judicieusement notre quotidien. Ceci, au moins, présente l’avantage de balayer un peu les informations toutes plus sombres les unes que les autres que les journaux télévisés ont l’art de nous distiller… Toute quête positive est de toute façon légitime, d’autant que pour que l’humanité s’humanise toujours davantage, elle a grand intérêt à mettre de la douceur, du sourire et des rires dans un monde facilement persécuteur. Et ce, quel que soit le moment car si l’hiver engourdit et malmène les plus démunis, l’été attise la montée de la violence, la chaleur faisant à l’inverse flamber les esprits rebelles et instables… À chacun d’entre nous de faire l’effort nécessaire, modeste mais toujours suffisant, qui consiste à transmettre de son côté de bonnes nouvelles. Il est quand même surprenant que dès que nous croisons un ami ou un membre de la famille, très vite la conversation – après un accueil tout aussi chaleureux que rapide – vire au négatif. C’est cette évidence-là qui doit nous habiter afin de stopper, avant qu’ils n’émergent, nos propos sombres, gratuits (qu’en apparence). Puisque, effectivement, ceux-ci polluent savamment l’interlocuteur qui s’en débarrassera à son tour, dès qu’il le pourra, sur le premier bouc émissaire venu ! Repensons plutôt au « Décaméron », les célèbres contes de Boccace. Ce grand prosateur italien du XIVème siècle imagine, dans ce recueil, qu’exilé à Florence en raison de la peste qui sévit, il fait la rencontre magique de dix personnalités : sept femmes et trois hommes qui, pour échapper à leurs angoisses respectives, inventent des histoires drôles ! Les longues soirées estivales peuvent s’inspirer de la psychologie positive de Giovanni Boccaccio pour qu’un superbe moral ensoleille systématiquement chaque journée de cette période unique de l’année. Excellent été à tous!