Loïc a 3 ans ; il est hospitalisé depuis quelques jours ; le diagnostic de leucémie est tombé il y a peu, tel un couperet ; son cousin germain est décédé il y a 3 ans et demi de la même maladie… Marine s’est éteinte à 34 ans d’un cancer du sein, au même âge que sa grand-mère maternelle qu’elle n’a pas connue… Mathias n’arrive pas à garder un emploi ; il est démoralisé mais, assure-t-il, il n’a pas à se plaindre : à son âge (28 ans), son oncle avait déjà succombé à ses blessures lors des rudes combats de la Guerre d’Algérie… Il n’a pas à se plaindre ? Philippine est plus agressive face à son destin qu’elle trouve injuste : sa tante paternelle buvait, sa mère est alcoolique, elle aussi… La liste pourrait ainsi s’allonger indéfiniment avec les répétitions d’accidents de voiture accablant une même filiation, endeuillée ainsi par des décès tragiques récurrents. La compulsion se fait parfois plus maligne et sournoise encore : Jean-Claude a été adopté ; le jour même où il intégrait son nouveau domicile, son père était arrêté à tort et emprisonné ; cette erreur judiciaire avérée n’a toutefois pas empêché Jean-Claude de se retrouver en prison à son tour quelques décennies plus tard pour faux en écritures… Ça ne s’invente pas ! Ces histoires vraies sont légion. Malheureusement. Et même si l’on sait depuis Freud que les névroses s’attirent inconsciemment et se complètent – en utilisant en particulier les unions conjugales –, les drames existentiels conduisent toujours au désespoir, plus ou moins bien masqué ou assumé. Reconnaissons cependant que l’être humain reste en général très digne devant l’épreuve. Toutefois, l’envie d’en finir avec la fatalité, à force de nous tarauder, s’impose. Il y va de notre santé. Choisir en conscience de ne plus subir le poids d’un héritage maléfique est la seule issue. Certains demandent une consultation en psychogénéalogie et constatent avec effarement que les mêmes scénarios difficiles se reproduisent sur plusieurs générations ; d’autres optent pour une psychanalyse pour supprimer la racine du mal ensevelie dans la culpabilité filiale ; le Développement personnel en séduit de son côté beaucoup, quand d’autres encore se lancent à corps perdu dans la spiritualité… La direction empruntée importe peu car toutes ces disciplines possèdent leurs atouts. L’essentiel étant de ne plus se laisser vampiriser par des règlements de comptes d’un autre temps pour enfin s’occuper de soi… au présent.