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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Non à la déprime !


Une de mes anciennes relations avait pour habitude de dire, à la fin de chacun de ses repas, En voilà un que je ne ferai plus… Indépendamment du manque d’élégance de l’idée et de sa formulation, ce type de projection m’atteignait quelques minutes. Nos chemins se sont séparés il y a fort longtemps mais il m’arrive encore – la preuve en est – de repenser à cette pulsion de mort, gratuite en apparence. Autant dire que les contaminations inconscientes sont tenaces ! Rien de surprenant à cela car, si l’émetteur a besoin d’une cible facile, ce bouc émissaire idéal abrite, à son insu, une bonne dose de masochisme. C’est ainsi qu’en acceptant de subir les débordements verbaux d’un entourage, quel qu’il soit, on finit par déprimer. Certes, le processus se met lentement en route, à la faveur du renforcement d’une stase libidinale introjectée bien qu’hostile mais les dégâts sont bel et bien là. Le réflexe de survie nous pousse alors à nous débarrasser, à notre tour, de toutes ces pollutions, en utilisant le détestable mécanisme projectif, ce qui nous fait culpabiliser in fine. Et la culpabilité de fabriquer de la mésestime de soi avec sa kyrielle d’auto-reproches. Rien ne va plus. Le vacillement est imminent : l’existence semble injuste, terne, voire carrément maudite. Changer s’impose comme l’unique solution pour quitter ces persécutions internes. À condition cependant de transformer radicalement notre état d’esprit. Pour y parvenir, il est tout d’abord nécessaire d’accepter que quand tout semble aller mal, nous sommes notre propre ennemi. S’il est évident que tout être humain traverse des périodes difficiles et même des drames existentiels, il faut sortir de ce marasme. Coûte que coûte. La seule possibilité consiste à ne plus rester courbé sous le poids du malheur, soit à se redresser et à regarder du côté du plus petit plaisir quotidien. Ne criez pas à l’infamie ! Il en existe tout de même de ces joies quotidiennes, aussi modestes nous apparaissent-elles. C’est d’ailleurs là où le bât blesse : pour être heureux, stoppons net les projets les plus audacieux qui requièrent beaucoup d’énergie tandis que notre humeur est aujourd’hui chancelante. À chacun toutefois de trouver ses petites stratégies. Noëlle a la sienne : son fils de 27 ans est détestable avec elle. En revanche, sa fille de 22 ans adorable. Chaque fois que son fils est odieux, elle dirige ses pensées vers sa fille. La joie revient et les projections, ainsi absentes, n’alimentent pas la recherche de conflits de l’aîné. Cette mère de famille assure ainsi sa protection en terme d’équilibre et donc de santé. Arnaud Desjardins aurait tout à fait pu approuver cette sage attitude maternelle, lui qui a dit du bonheur : On ne le trouve pas, on le fait. Le bonheur ne dépend pas de ce qui nous manque mais de la façon dont nous nous servons de ce que nous possédons

 

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