chantal_calatayud

A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

ouvrages-publications-chantal-calatayud-directrice-institut-psychanalyse-ifpa

Tous addicts à l'optimisme !


Si le terme addict nous vient d’Angleterre et date du XVème siècle, il découle tout droit du latin addictus signifiant esclave… C’est ainsi que largement usité depuis quelques décennies, tombé même dans le langage courant, il est associé – à juste titre – à la notion de dépendance qui bat son plein dans nos sociétés dites modernes : toxicomanie, alcoolomanie, jeux, sexe… La dépendance se trouve ici, bien entendu, attachée à l’idée d’excès car, si une cigarette en fin de repas peut être agréable, le paquet entier quotidien inhalé pulsionnellement n’appartient pas vraiment au registre du plaisir. Même constat pour le jeu : un petit détour inhabituel par le Casino lors de vacances, avec des mises raisonnables, contribue à retrouver passagèrement son âme d’enfant. Quant à la sexualité, elle équilibre les rapports du couple, alors que les dérives en la matière finissent par abîmer le narcissisme, comme le savent tous les psys… En revanche, l’optimisme bien géré, c’est-à-dire en lien avec le principe de réalité, peut se savourer chaque jour, à bon escient, sans risque de régression. Ben Harper, le célèbre guitariste et chanteur américain, dit même qu’aujourd’hui, l’optimisme est une nécessité pour préserver sa santé mentale. Assurément. Mais, curieusement, l’optimisme fait appel à la décision d’accorder toute sa confiance à son chemin de vie ! À noter que ce choix positif et cette volonté persévérante appartiennent au registre des apprentissages. Beau projet parmi d’autres, comptant toutefois parmi les plus essentiels pour que l’enthousiasme soit dorénavant au rendez-vous, cette perspective nécessite d’accepter que les évènements ne nous sont hostiles qu’en apparence. Même en temps de crise. Outre les attitudes basiques qui consistent à fréquenter un entourage enclin au contentement, à éviter les plaintes récurrentes et à vivre dans le présent en ne s’angoissant pas pour des lendemains négatifs improbables (!), stoppons nos habitudes : elles deviennent mauvaises à la longue et, compulsives, elles tournent à l’obsession, engendrant leur lot de « à quoi bon ? ». Le philosophe Emmanuel Kant précise à ce sujet que plus l’Homme a d’habitudes, moins il est libre et indépendant. L’optimisme échapperait-il alors, et paradoxalement, à la règle de la récurrence ? Tout à fait, car il n’y a pas « un » optimisme mais « des » optimismes. Étonnant ? Non, dans la mesure où cette qualité exige des remises en question perpétuelles. Il suffit de décider d’avoir ce courage et cette solide lucidité mais avec, en prime, la joie de se connaître davantage : dans cette énergie de découverte et de redécouverte de soi se loge un plaisir subtil, toujours redéfini, qui ne se préoccupe plus des pièges nauséabonds que tend tout marasme, aussi objectif soit-il. Toutefois, une condition reste immuable : comprendre et intégrer que seules les émotions positives doivent être chouchoutées puisqu’elles sont le césame. Et ne jamais se décourager… Bonne addiction !

 

> Lire d'autres articles