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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Travaille !

 

Travaille ! Quel est l’enfant ou l’adolescent qui n’a jamais entendu cette injonction? Terrifiante et rassurante à la fois, elle révèle des limites mais offre aussi un cadre confortable comme une certitude : travaille équivaut à un travail, du moins lorsque l’inconscient, peu rebelle, va s’étayer en confiance sur l’expérience parentale ou enseignante. Cependant, la chose n’est pas aussi aisée sur le terrain et si le petit d’Homme a pu introjecter que la sagesse lui valait quelques récompenses, cette ligne droite ne se vérifie pas toujours au quotidien ! Deux périodes clefs de la vie infantile (la première phase oedipienne puis, un peu plus tard, la période de réactivation oedipienne) sont séparées par une phase de quelques années, dite de latence, durant laquelle les désirs incestueux de l’enfant, sous l’ordre du « non du père » quant à la transgression du tabou de l’inceste, se mettent en sommeil. Cette énergie psycho-affective nouvellement récupérée va être utilisée et réinvestie vers des axes plus sociaux (scolarisation, clubs sportifs…) ; c’est d’ailleurs pour cette raison, entre autres, que l’individu développe une propension certaine à être heureux, soit en amour, soit en affaires ! Cette alternance repose sur une angoisse (de castration) qui peut donc avoir des répercussions malheureuses professionnelles. Mais existe-t-il véritablement un mode d’emploi (outre un travail psychanalytique) qui permette d’atteindre comme une stabilité ? En théorie, non… En pratique, oui ! Il s’agit d’accepter de prendre certains risques en l’absence de certitudes. C’est-à-dire qu’en modifiant et en dépassant nos schémas d’acquis anciens, en accédant au principe de l’abstraction, en nous éloignant de Saint-Thomas, nous voilà déjà en progrès quant à notre désir du moment. Explication.
Se projeter (un peu plus loin) requiert un processus anticipatoire qui mobilise nos perceptions intuitives et ces réactions sensorielles, telles des antennes, nous guident vers des récepteurs spécifiques saturables. Ce système de liaison peut s’interrompre à tout instant si le projet n’est pas en adéquation véritable avec le désir inconscient ; en parallèle, cette traduction singulière dirigera la libido vers un sens conforme à l’état d’évolution présent. Cette levée de processus inhibiteur entraînera alors une action ou un passage à l’acte approprié à la demande du sujet. Agir à bon escient devient ainsi possible et si la religion de véhiculer son sempiternel «Aide-toi, le ciel t’aidera», à sa façon tout aussi subtile et informelle, le bon père de famille d’émettre à son tour : travaille !

 

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