Vivre « ici et maintenant » revient à être sage, au sens noble du terme. Ainsi, lorsque nous renversons maladroitement un verre, nous ne sommes pas tout à fait là. L’inconscient, alors ramené à une scène négative de la prime enfance, réactualise ce qui a fait mal alors, afin de chercher à dépolluer – entre autres – la zone libidinale, toujours affectée. À titre d’exemple (ce pourrait être bien sûr pour une autre raison), si Renée renverse pour la troisième fois dans une même journée un verre, une canette de soda puis à nouveau un verre ou si elle fait déborder une carafe, il se peut qu’elle soit sur la date anniversaire du jour de naissance de son père alcoolique, pourtant décédé.
Cette souffrance, non digérée, se manifeste à nouveau pour comprendre ainsi que ce n’est pas sa problématique à elle qui est en jeu et qu’elle doit couper avec ce passé douloureux. Pour que le symptôme familial perde progressivement en puissance, il faut se laisser interpellé(e) par nos actes manqués. Lorsque nous parvenons à vivre au présent, nous ne nous laissons plus contrôlés par les démons transgénérationnels. L’harmonie se met en place. Les conflits intérieurs s’affaiblissent : par voie de conséquences, les recherches de conflits alentour se calment jusqu’à se raréfier. La paix s’installe et avec elle, la mise à l’écart de dangers potentiels. À cette condition, vivre serein n’est plus un leurre.