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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Tomber, se relever, avancer...


Chuter, au propre comme au figuré, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Lorsqu’il s’agit d’un acte isolé, nous y attachons peu d’importance. À tort. En revanche, lorsque dans une même semaine, nous perdons deux ou trois fois l’équilibre, nous nous inquiétons…

Dès ses premiers pas, la marche mal assurée, le petit d’Homme a tendance à tomber beaucoup. S’il n’est pas surprotégé, l’enfant se redresse vigoureusement et recommence courageusement autant de fois que ses petites jambes faiblissent. L’être humain est donc programmé pour toujours se relever, quelle que soit la nature de ses épreuves.

Ces inévitables défaillances
L’inconscient présente la particularité d’entrer en conflit facilement avec lui-même : d’un côté le désir de se faire plaisir, de l’autre côté la mémoire d’une éducation globalement rigide. Cette mésentente potentielle se cristallise sur le corps qui perd peu à peu en énergie, entraînant une division aux allures de désaccords. Entendons déjà ici « désacorps ». Cependant, comme l’a souligné Antoine de Saint- Exupéry, quand le corps se défait, l’essentiel se montre… François, aujourd’hui âgé de 32 ans, témoigne : À 17 ans, j’ai demandé à mes parents de signer une autorisation pour sauter à l’élastique. Ils ont refusé, me disant qu’à partir de ma majorité, je pourrais pratiquer tous les sports de l’extrême que je désirerais ! Ils ne voulaient en aucun cas supporter le fardeau de la culpabilité en cas d’accident. Par la suite, j’ai pris des risques corporels insensés, comme sauter du haut du Pont du Gard. Ce jour-là, j’ai eu la peur de ma vie. J’avais atteint mes limites. Devenu quelques années plus tard pilote d’hélicoptère, je n’ai pas trouvé de travail : je n’ai jamais vécu cela comme un échec mais plutôt comme une mémoire protectrice. Inconsciemment, une petite lumière qui s’est allumée pour empêcher un accident fatal…

Des accords
Dans son passionnant ouvrage « Êtes-vous horizontal, vertical ou oblique ? », paru aux Éditions de Mortagne, Madeleine G. Turgeon, réflexologue, nous rappelle que pour celui qui sait observer et écouter, bien souvent les pièges disparaissent et l’incompréhensible devient compréhensible. Elle précise que rien n’arrive par hasard, tout événement, du plus banal au plus remarquable, s’inscrivant dans une toile tissée par la vie avec des liens subtils, mais toujours présents pour celui qui sait les découvrir… Pour Marielle, ce type de propos est une évidence : À 14 ans, je suis tombée dans un escalier qui menait à une « cave ». À 16 ans, j’ai subi un très grave accident de voiture, celle-ci ayant fait plusieurs « tonneaux »… Malgré moi, grâce à ces deux chutes, j’ai enregistré à l’époque que l’alcool est un dangereux poison, facteur de déséquilibre. Issue d’une famille où les alcooliques ne manquent pas, j’ai stoppé une possible mauvaise identification filiale. Je ne bois pas une goutte d’alcool. Ce n’est pas une phobie mais j’ai développé la capacité à tenir compte des signaux de l’existence en tant que prévention, en faisant des liens protecteurs pour moi… « Tomber » a donc du sens. Il n’est pas question ici de faire l’apologie de la maladresse physique mais uniquement de mettre en exergue que si on a la sagesse de dépasser tout accident corporel, un mécanisme anticipatoire se déclenche pour nous prévenir de nos chutes potentielles psychologiques (à venir). Madeleine G. Turgeon va dans ce sens : Chacun construit une connaissance inconsciente des personnalités humaines à partir de ses expériences vécues, selon un processus d’observation/généralisation/validation. De cette façon, explique-t-elle encore, chacun possède sa propre carte de décodage des comportements humains… Ainsi, nous pouvons tous en faire autant, pour mieux nous redresser et avancer en sécurité.

 

 

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