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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Votre enfant est unique et il le fait savoir !


Si les parents sont pleins de bonne volonté, en matière d’éducation en particulier, il ne s’agit pas pour autant de vouloir transformer nos « petits » en enfants modèles, histoire de satisfaire le regard des autres!

Un enfant connaît deux grandes périodes d’identification : tout d’abord à la mère (de 0 à 18 mois environ), puis au père (de 18 à 30 mois approximativement). Ces périodes lui permettent essentiellement de s’étayer, c’est-à-dire de dire, puis de faire comme… La mère, progressivement, posera une distance juste en introduisant un ordre logique des choses (comme faire la sieste avant la promenade) ; le père, quant à lui, imposera la différence (sorte de loi venant renforcer la position de la mère si l’enfant cherche à dépasser les limites) ; ce non du père joue un rôle fondamental dans la défusion nécessaire et la différenciation des rôles. En revanche, si les parents ne s’inscrivent pas dans ce schéma évolutif, l’enfant souffre. Ne pouvant accéder à ses propres désirs par confusion interposée, il manifeste à sa façon son désaccord.

Des expériences nécessaires
Si la mère n’autorise pas la coupure du cordon, l’enfant fera montre de l’anarchie la plus totale. De la même façon, si le père renvoie des attitudes floues, l’enfant ne respectera en aucun cas les interdits. C’est l’enfant dit insupportable qui transgresse toutes les sécurités. Reconnaître et donner à son enfant sa place de sujet nécessite donc ordre et loi. Pas difficile à réaliser, à condition toutefois que les adultes ne se comportent pas eux-mêmes comme des gamins… qui veulent que leur enfant soit à leur image ou qu’il répare leur enfance ! On le constate : modéliser un enfant aboutit à un résultat paradoxal. Soumis un temps, dans une fausse acceptation, il cherchera toujours à casser les amarres. De préférence en dehors de la présence des parents. Pénible en classe, insolent à l’extérieur, le retour à la maison ramènera politesse et sagesse, tout aussi déguisées. De l’argent pourra disparaître et l’employée de maison sera accusée car l’enfant modèle a plus d’un tour dans son sac. Le goûter, volontairement donné en cachette au chien, l’enfant pourra deux minutes plus tard éclater en sanglots, l’animal se retrouvant le bourreau de service… Toutes ces attitudes pernicieuses sont évitables si les géniteurs encouragent l’enfant à dire et à faire, indépendamment d’eux. C’est ainsi que François a eu l’idée, alors âgé de 8 ans, de faire une surprise à sa maman : un gâteau au yaourt bien placé au four dans un… Tupperwear ! Arrivée à temps, les dégâts furent limités. Une explication sympathique quant à l’interaction négative des matières plastiques à température élevée fut donnée. Il n’existe pas, à proprement parler, de bêtise. Il s’agit d’expériences nécessaires, à commenter en termes de limites. L’enfant n’en demande pas plus pour se construire.

 

 

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