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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Qu'est-ce que le mensonge ?

Elle est psychanalyste, didacticienne, a créé l’Institut Français de Psychanalyse Appliquée qu’elle dirige sur Avignon. Elle est également auteur. Plusieurs de ses livres sont publiés aux Éditions Jouvence («Apprendre à pardonner», «S’aimer tel que l’on est», «Accepter l’autre tel qu’il est», «Vivre avec ses peurs»). Son nouvel ouvrage «Ce qu’il faut savoir pour être soi : sortir du mensonge» vient de paraître chez Dervy-Médicis. Ses thèmes de prédilection touchent donc aux grandes valeurs humaines. Pour vous, elle a accepté de donner son avis sans faux-fuyant. Une rencontre authentique.

Signes & sens : Pourquoi un livre sur le mensonge ?
Chantal Calatayud :
Le mensonge, en ses fondements, s’étaye sur du fantasme. C’est-à-dire que l’inconscient du bébé a beaucoup de mal, de par son immaturité pulsionnelle, à appréhender la réalité. Le mensonge correspond donc avant tout à un état confusionnel primaire. L’intérêt d’avoir écrit ce livre se résume, pour moi, à essayer de faire prendre conscience au lecteur que le mensonge ne s’aborde pas en terme de jugement mais d’analyse. Donc de compréhension.

S. & s. : Existe-t-il un remède contre le mensonge ? Hormis la psychanalyse…
C. C. :
La vie, souvent, nous fait réaliser que nos petits arrangements nous coûtent cher à la sortie. Un mensonge amène un autre mensonge. Nous nous épuisons pour pas grand-chose !

S. & s. : Quel est le plus gros inconvénient à mentir ?
C. C. :
La culpabilité qui en découle et qui génère des rétorsions.

S. & s. : Les politiques passent pour de fieffés menteurs. Qu’en pensez-vous ?
C. C. :
C’est un milieu que je ne connais pas. Il est fait de promesses sûrement difficiles à tenir. La démagogie règne. Ça fait partie du jeu. Le tout étant de ne pas être dupe.

S. & s. : Cette lucidité est-elle déterminante lors d’un vote ?
C. C. :
Assurément…

S. & s. : En tant que psychanalyste, qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?
C. C. :
Qu’il prenne en compte une évidence : la psychanalyse est une médiation nécessaire à une époque où sévit de plus en plus la précarité et ses conséquences. Ensuite, que la France soit davantage encore un pays de prévention que de répression.

S. & s. : On a déjà dû vous mentir : professionnellement, affectivement, amicalement ? Comment réagissez-vous ?
C. C. :
J’avais systématiquement quelque chose à comprendre, à améliorer. Je prends toujours, a posteriori, le mensonge de l’interlocuteur comme une jolie leçon pour moi, un cadeau. Même si ça fait très mal sur le moment !

S. & s. : Mentir serait donc en quelque sorte indispensable ?
C. C. :
Je dirais plutôt inévitable si, en tant que « victimes », nous campons sur des positions qui n’ont plus de raison d’être. Ou des acquis. C’est-à-dire lorsque nous ne faisons pas ou plus les efforts qui nous incombent. Et, surtout, lorsque nous ne sommes pas ou plus à notre place et que nous occupons celle d’un autre.

S. & s. : À l’inverse, que diriez-vous de la vérité ?
C. C. :
C’est la liberté…


Une interview accordée à Signes & sens magazine en mai 2007.



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