chantal_calatayud

A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

Livres Psy didactiques gratuits de Chantal Calatayud, psychanalyste et didacticienne analytique

La communication bienveillante


La communication bienveillante s'étaye sur le concept de Communication Non Violente (CNV) que l'on doit à Marshall B. Rosenberg, docteur en psychologie. De son côté, la religion chrétienne en particulier, depuis plus de 2000 ans maintenant, rappelle que l'être humain ne doit pas faire subir à autrui ce qu'il n'aimerait pas qu'autrui lui fasse subir. Notre société dite " moderne ", compte tenu des évènements dramatiques actuels et notamment des attentats, a grand besoin de bénéficier de cette sagesse que renforce positivement la communication bienveillante.

Schématiquement et abordée sous l'angle psychanalytique, la CNV permet d'accueillir la parole d'autrui sans jugement, ce qui nécessite impérativement de ne pas être en projection. Autrement formulé, il s'agit de ne pas confondre l'interlocuteur avec soi, c'est-à-dire une identité pétrie de souffrances refoulées depuis la toute petite enfance. Dans cette optique, il est alors possible de recevoir les formulations, les idées, les désirs, les actes du partenaire - quel qu'il soit - non pas comme une agression potentielle mais comme le positionnement légitime d'une personne extérieure, tant toutefois que ce positionnement reste acceptable... Dans son fondement, cette sorte d'exercice quotidien a pour but de comprendre et de respecter toutes les différences. En fait, l'alter ego devient le miroir de nos réactions, bonnes et mauvaises, et - pour qui en a l'humilité - un agent d'évolution précieux pour combler nos failles narcissiques qui se matérialisent au conscient en défauts. Dans la communication bienveillante, le sens récepteur-émetteur, particularité de la CNV, change et se transforme de facto selon l'axe émetteur-récepteur où le " Je " s'installe et se place en vue d'une individuation qui exclut la confusion.

L'estime de soi
Le détachement confusionnel présente un avantage non négligeable : il accorde la certitude de s'apprécier en toute objectivité...
. Emeline, 29 ans, esthéticienne, a eu du mal à retrouver un emploi durant sa période de chômage : " C'est ma psychothérapeute qui a mis en exergue le fait que mon copain m'appelait Puce. Je lui avais pourtant dit à plusieurs reprises qu'il m'agaçait avec ce petit nom. Ma psy m'a fait la suggestion suivante : 'Au lieu de prononcer ce TU qui TUE, genre TU m'agaces quand tu m'appelles Puce, dites-lui plutôt : JE souffre quand mon prénom se trouve tronqué en Puce'. J'ai appliqué cette méthode et non seulement mon amoureux a compris la peine qu'il me faisait mais, en plus, j'ai retrouvé un emploi qui me convient ! "...
Dans cet exemple, il est aisé de comprendre qu'un jeu névrotique réducteur de part et d'autre de ce binôme travaillait pernicieusement pour le malheur de la vie sentimentale du couple et de la vie sociale de la jeune femme. Ainsi est-il indispensable d'exprimer ses émotions à son entourage mais sans chercher à lui porter une atteinte destructrice aux allures de vengeance.

Des échanges équitables
Contre toute attente, dans la communication bienveillante aucun des participants au dialogue n'est floué. En outre et curieusement, l'initiateur de ce type de communication donne l'opportunité à son partenaire d'une identification positive que celui-ci utilisera à son tour si besoin est...
. Francis, 39 ans, commerçant, perfectionniste, pratique depuis 2 ans la communication bienveillante. Philippe, son associé, semble apprécier inconsciemment cette manière d'échanger et de se dire les choses élégamment. Francis a fait ce constat tout à fait par hasard : " Depuis le matin, je m'acharnais à refaire la vitrine que je ne trouvais jamais à mon goût. À midi pile, Philippe a fermé la boutique en me demandant calmement de le rejoindre dans notre bureau. Nous nous sommes installés et il s'est exprimé comme jamais : 'Ça fait 3 heures que je me sens déstabilisé par ce que je pense être un manque de confiance en toi. Je voudrais t'aider mais je sais que tu imagines que la déco, ce n'est pas mon rayon, alors que j'adore ça ! J'aimerais tant que nous fassions les vitrines à tour de rôle'... J'ai réalisé soudain le déni que je posais sur mon associé depuis plusieurs années. Ceci étant, j'ai saisi, en parallèle, qu'à force de m'entendre communiquer de façon bienveillante, qu'à force de sentir que je supprimais le TU accusateur, il avait acquis lui aussi, par mimétisme psychique probablement, ce fabuleux réflexe qui consiste à s'autoriser de parler de soi, posture qui invite, in fine, au dialogue équitable... "...
Effectivement, il est question ici d'une réelle redistribution des propos oraux, sans agressivité, dont émerge une compréhension mutuelle. Exprimer ce que nous aimerions est la clé de la communication bienveillante : dans ce processus, l'autobienveillance, par surmoi interposé, élimine - encore une fois - les griefs projectifs dont il est si aisé d'alourdir les autres. Le célèbre proverbe - " Charité bien ordonnée commence par soi-même " - remonte à l'époque médiévale. Voici donc une preuve incontestable que, quel que soit le moment, pour aimer son prochain il suffit seulement de s'accorder le droit d'exister...

 

 

 

> Lire d'autres articles