Sylviane n'accepte pas que son père soit mort des suites d'un accident de voiture alors qu'elle avait un an, Jérôme refuse que sa soeur souffre de toxicomanie, Virginie s'insurge d'avoir été laissée par son mari qui l'a quittée pour une très jeune femme, Camille hurle toujours sa colère quant à l évocation de son frère qui a coulé l'entreprise familiale, Adrienne crie à l'injustice se disant impuissante face à la sclérose en plaque qui la mine chaque jour un peu plus… Des réactions bien compréhensibles devant l'ampleur de tous ces drames humains qui revêtent des formes apparentes différentes mais qui ont en commun l'incompréhension et l'angoisse grossissante… Difficile effectivement d'assumer un quotidien trop douloureux malgré le recours à des résignations qui ne tiennent pas sur la durée car, si les voies du Seigneur sont impénétrables, les voix perdues finissent par se faire entendre sur le divan du psychanalyste qui devient souvent l'ultime secours après avoir tout essayé pour tenter de saisir l'incompréhensible abomination… Le chemin libidinal emprunte alors – durant la guidance de la cure – les méandres inconscients de la toute petite enfance de l'analysant. Le patient re-traverse les multiples obstacles qu'il a supportés pour mieux les surmonter, surpris soudain d'avoir tenu le coup tandis qu'il était jeune. Ainsi Romain évoque-t-il les scènes de violence entre ses parents alcooliques auxquelles il assistait, effrayé, du haut de ses cinq ans… Il sait depuis toujours que sa phobie de l'alcool vient de là mais il veut pardonner l'infantilisme de ses géniteurs pour en être définitivement libéré et vivre heureux son temps à lui, comme il aime le répéter… Et il a bien raison d'envisager l'acceptation en tant que processus salvateur ! Pour parvenir à cet état paisible, il est toutefois nécessaire d'objectiver nos capacités évolutives devant l'épreuve. Pas question bien entendu de faire l'apologie des tragédies mais de les analyser : les messages qu'elles nous envoient révèlent, sans exception, le sens de notre existence.
