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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Comment apprendre à pardonner selon la psychanalyse ?

 
 


Chantal Calatayud est l'auteur, entre autres, d'un livre sur le pardon paru aux Éditions Jouvence en septembre 2003. Ses combats ont un sens commun : mieux comprendre l'être humain, la société, pour ne pas juger et pour contribuer à fédérer des liens évolutifs et protecteurs. Son métier de psychanalyste a développé son désir d'être à l'écoute de l'autre et attentive à beaucoup d'autres. Elle s'est livrée avec sérieux à ce jeu de questions/réponses, allant chercher à l'intime de soi la parole la plus juste possible. Belle démonstration d'altruisme.

Je magazine : Vous avez orienté votre carrière professionnelle sur la psychanalyse. Quel a été l'élément déclencheur ?
Chantal Calatayud : Ma propre psychanalyse, celle-ci m'étant apparue incontournable à partir du moment où j'ai réalisé que je n'arrivais pas à pardonner (injustement) à ma mère la séparation de mes parents, ce qui enclenchait chez moi des conduites d'échec objectives.

J. M. : Appliquez-vous facilement dans la vie quotidienne ce que vous préconisez dans votre livre « Apprendre à pardonner » ?
C. C. : Je peux répondre par l'affirmative à votre question dans la mesure où si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas pu écrire cet ouvrage. Si le pardon reste un thème ambitieux, il est une évidence que mon métier de psychanalyste est un atout majeur dans la démarche de pardon. Cette discipline conduisant à la compréhension des actes d'autrui, tout aussi négatifs soient-ils, ceux-ci restent un miroir essentiel disponible. La psychanalyse, constamment et à sa façon, renvoie à la métaphore de « la paille et de la poutre ».

J. M. : Que vous a apporté cette publication dans votre vie ?
C. C. : La confirmation que la meilleure protection que l'on puisse s'offrir consiste à véritablement réaliser qu'il faut éviter le plus possible d'entrer dans la recherche de conflit, souvent déguisée d'ailleurs, de l'agresseur. Faire le jeu névrotique de cet autre, outre la consommation excessive d'énergie que cela entraîne, n'est jamais qu'une fuite quant à soi qui vise à une auto-déresponsabilisation. En effet, toute victime cache potentiellement un bourreau (qui sommeille ou pas !).

J. M. : Quelle émotion assimileriez-vous à votre livre « Apprendre à pardonner » ?
C. C. : La paix (libératrice et salvatrice).

J. M. : Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire un livre sur le pardon ? L'envie de partager un savoir, l'envie de traiter un sujet en profondeur... ?
C. C. : Effectivement, l'envie de transmettre et de partager une certitude que j'ai découverte au fil de mon expérience psychanalytique : pardonner ouvre (enfin) le champ de tous les possibles. À l'inverse, ne pas pardonner revient à se réduire : le pardon est un axe essentiel de renarcissisation, ce qui est le comble ! On constate, dans toute démarche de pardon, que se pardonner consiste à se réparer...

J. M. : Plus personnellement maintenant : dans les Fables de la Fontaine, vous seriez plutôt: Le rat des villes ou le rat des champs ? Le corbeau ou le renard ? La cigale ou la fourmi ? Pourriez-vous expliquer le pourquoi de ces choix ?
C. C. : Le rat des villes « et » le rat des champs pour pouvoir véhiculer, tous milieux confondus, qu'« une chose n'est impure que pour celui qui la croit impure »...

J. M. : Quelle est votre citation préférée ?
C. C. : « Le pire n'est jamais décevant »...

J. M. : Pouvez-vous nous donner quatre mots qui vous définissent le mieux ?
C. C. : C'est une question difficile mais allons-y ! Tolérance Acceptation Persévérance Confiance Bien sûr, cela n'engage que moi...

J. M. : Pour vous, le XXIème siècle sera le siècle d'... ?
C. C. : Le siècle d'expériences et d'évènements qui excluront les sous-doués de la communication virtuelle. Autrement dit, le XXIème siècle favorisera le domaine de l'abstraction. Malheureusement?

J. M. : Quel message voudriez-vous que le lecteur garde après avoir refermé votre livre ?
C. C. : Puisque juger est une attitude projective culpabilisante et auto-destructrice, mieux vaut chercher à comprendre les tout premiers signes qui laissent deviner les conduites et autres agissements de celui qui pourrait progressivement se transformer en bourreau et ainsi, ne plus contribuer consciemment et/ou inconsciemment aux attitudes sadiques d'autrui.

J. M. : Quel est le personnage contemporain qui vous inspire le plus ?
C. C. : Le Christ (intemporel...), le plus grand psychanalyste de tous les temps !

 

 

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