chantal_calatayud

A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

ouvrages-publications-chantal-calatayud-directrice-institut-psychanalyse-ifpa

 

 

Sophie Favier riposte !

 
 


Sophie Favier est la présentatrice vedette de l’« Euro Millions » sur TF1, après avoir été la chroniqueuse de « Ciel, mon mardi ! » puis de « Coucou, c’est nous ! » aux côtés de Christophe Dechavanne. Elle vient de relever un tout autre challenge avec l’aide de deux professionnels ciblés corps/esprit – le docteur Pierre Dukan, célèbre nutritionniste, – et Jean Pierre Clémenceau, coach des stars : perdre 10 kilos en 3 mois ! Elle y est parvenue et nous explique comment, avec non seulement une solide réflexion sur le sujet du poids mais aussi beaucoup d’humanité et de sincérité. Des propos auréolés, de surcroît, d’une gentillesse et d’une douceur exceptionnelles…

Signes & sens magazine : Pourquoi avoir fait le choix de reverser les droits d’auteur de votre dernier ouvrage à l’association « Riposte » ?
Sophie Favier :
Tout d’abord, je ne veux pas faire de ce livre une affaire financière. Il s’agit pour moi simplement d’un désir de témoigner et de partager une expérience. D’autre part, je m’insurge contre le fait que la moitié de la planète fasse des régimes et l’autre moitié meure de faim.

S & s : Perdre 10 kilos en 3 mois, c’est un défi ?
S. F. :
En aucun cas il ne s’agit d’inciter les gens à perdre 10 kilos. Dans ce livre, j’essaie d’expliquer les choses d’une manière ouverte. Je parle par exemple de la période qui suit la grossesse, j’aborde le sujet de l’adolescence. Les femmes ne se voient pas toujours telles qu’elles sont. Elle se croient toujours un peu plus rondes. Je ne pense pas que l’on ait une bonne perception de notre image. Certaines femmes n’ont en fait que 2 ou 3 kilos à perdre. Moi j’en ai perdu 10 parce que cela me correspondait et ça n’a rien d’exceptionnel ni de dangereux. Et puis, j’ai été très bien suivie et encadrée par deux professionnels.

S & s : Pensez-vous qu’en période de crise un coach soit vraiment indispensable ?
S. F. :
J’explique dans mon livre comment les choses se sont passées pour moi. Sachant que ce n’est pas une obligation pour tout le monde. En ce qui concerne le coach, on peut très bien en trouver un dans une salle de sport. On peut aussi appliquer la méthode seul. C’est d’ailleurs l’objet d’explications données dans cet ouvrage. Et puis, même en période de crise, la priorité, c’est la santé. Sans elle,on ne peut pas travailler pour gagner de l’argent.

S & s : Qu’est-ce qui différencie votre méthode des autres ?
S. F. :
Je propose effectivement une méthode parmi beaucoup d’autres. C’est celle qui a marché pour moi et mon dessein est seulement d’en témoigner. Le régime que j’ai choisi n’est pas synonyme de punition. Au contraire, j’ai mangé plus et mieux, et j’ai minci. C’est ce qui m’a plu. Je mangeais davantage mais de façon régulière et équilibrée. Je n’ai donc jamais eu cette sensation de faim, de malaise, de vide.

S & s : Vous donnez des conseils très pratiques en cas de manque. Pour vous, comment les choses se sont-elles passées ?
S. F. :
Il est vrai qu’il y a des phases un peu difficiles. Après un mois de régime, les tentations sont là. Une soirée, un cocktail, un mariage… On ne peut pas se couper totalement du monde mais il vaut mieux éviter ces occasions, au moins les trois premières semaines. Ensuite, la vie doit reprendre un cours normal. Toutefois, je pense qu’il n’est pas bon de dire à l’entourage que l’on fait un régime. Pour ma part, je n’en ai quasiment parlé à personne. Et c’était bien comme ça. Lorsque vous le dites, on vous lance : Mais non ! Tu n’as rien à perdre, tu es très bien comme ça ! Prends un petit bout de ceci, de cela ! Les gens vous tentent un peu plus.

S & s : Pensez-vous que le fait d’avoir décidé de mincir ait déclenché des rivalités ?
S. F. :
Prendre une telle décision donne de l’énergie. Je n’ai pas réellement envisagé cette question concernant la rivalité. Mais il est vrai que les hommes ont plus tendance à vous faire des compliments. Les femmes vont plutôt vous dire : Mais qu’est-ce que tu as fait ? Donne-moi ta recette !

S & s : Un régime peut-il être mis en place dans le sens d’une féminité qui doit rester omniprésente ?
S. F. :
Tout dépend du rapport à l’image de soi que l’on a. Lorsqu’une femme se sent enveloppée par les années, elle est probablement – et je dis bien probablement – malheureuse. Mais les choses ne sont pas systématiques. Certaines personnes vivent très bien leur embonpoint et d’autres beaucoup moins.

S & s : Étiez-vous, dans votre jeunesse, obnubilée par votre image ?
S. F. :
Non, pas du tout. Simplement, à un moment, je me suis posé la question de savoir ce qui pourrait changer dans ma vie qui puisse me donner un coup de fouet. Et j’ai senti que c’était cela. Mais il s’agit de ma propre expérience. Je n’affirme en aucun cas que ce doive être la même chose pour tout le monde. Pour ma part, je pense qu’un kilo de trop peut être ressenti comme une ride de trop…

S & s : Pour vous, tout régime doit donc rester une approche individuelle ?
S. F. :
Oui.

S & s : Pensez-vous qu’à la suite de cette démarche, il puisse y avoir un regain de vitalité, voire d’ambition ?
S. F. :
Encore une fois cela est très personnel mais dès l’instant où j’ai entrepris ce régime, je me suis sentie beaucoup plus solide. J’avais plus d’entrain. J’avais l’impression de véritablement choisir. Je ne subissais plus. Par exemple, lorsqu’on est sujet à des grignotages intempestifs, on est très lié à la nourriture. C’est vraiment d’ordre affectif. On mange puis on culpabilise. On rentre dans une spirale infernale. Quelqu’un qui vit la boulimie, qui se cache pour manger, est certainement malheureux. C’est vraiment cette notion de pouvoir maîtriser qui m’a intéressée mais pas nécessairement dans la souffrance. Il s’agissait d’un accord. J’avais décidé de le faire. On ne m’a jamais forcée, ni critiquée. C’est une démarche très personnelle que j’ai entreprise à la suite de deux rencontres. Le nutritioniste et le coach m’ont effectivement beaucoup aidée mais je restais quand même la seule décisionnaire dans cette histoire. Ils n’auraient pas pu maigrir à ma place !

S & s : Avez-vous perçu des changements dans vos relations avec votre fille après ce régime ?
S. F. :
Absolument pas. Ma fille m’aime beaucoup. Elle est toujours en admiration vis-à-vis de moi. Elle ne m’a jamais blessée quant à ma silhouette. Elle m’a simplement dit : Ah, c’est sympa. Tu as beaucoup minci, maman. C’est bien ! Tu es encore plus jolie qu’avant… Elle n’a jamais fait allusion à quoi que ce soit avant que j’entreprenne ce régime.

S & s : Retrouvez-vous des épisodes de votre existence où vous aviez le sentiment que la nourriture avait un effet d’apaisement, voire de refuge en période de stress ?
S. F. :
Bien sûr ! C’est probablement pour cette raison que j’ai décidé de mincir. Je voyais bien mes comportements face à la nourriture. Au fil du temps, je mangeais plus. Je mangeais moins bien. Des choses qui faisaient grossir. Je devenais plus gourmande. Je compensais certainement puisque je n’avais pas cette nature au départ.

S & s : En vous écoutant, on a l’impression que faire un régime demande une certaine maturité?
S. F. :
Je pense qu’il s’agit véritablement d’un contrat moral. Cela est d’autant plus vrai qu’en ce qui me concerne, je sortais d’une période sentimentale douloureuse. Et cette décision m’a beaucoup aidée…

S & s : Pouvez-vous développer cette réflexion ?
S. F. :
J’ai commencé à prendre conscience qu’il fallait que je prenne soin de moi parce que si je ne le faisais pas, personne ne le ferait à ma place. Et je savais que cela passerait non pas par un souci d’esthétisme – je vivais très bien mes 10 kilos de plus – mais par un regard lucide sur mon comportement alimentaire. Je me voyais manger trop, faire des choses que je savais pertinemment qu’il fallait éviter. Par exemple, manger juste avant de dormir. On le sait tous… on est plus apaisé lorsqu’on est repu que de se coucher avec un ventre raisonnablement rempli. On se tourne et se retourne dans son lit puis on se lève parce qu’on a soif… On n’est pas bien. J’ai vraiment décidé d’arrêter tout ça. Au lieu de le faire d’une manière violente, j’y suis allée un pas après l’autre. j’ai décidé d’enlever le pain, puis tout ce qui était pâtes et riz blanc. Le fait de ne pas boire d’alcool, de ne pas fumer m’a aidée. L’alcool étant très calorique. J’ai supprimé tout ce qui est grignotage. J’ai réappris à me mettre à table, à refaire des repas. À ne plus avoir ce besoin compulsif de manger à toute heure.

S & s : Vous avez fait de cette traversée difficile au niveau sentimental quelque chose qui est de l’ordre de la résilience ?
S. F. :
Tout à fait. J’ai commencé par me dire que c’était la dernière fois que j’allais souffrir. La vie est trop belle. Je savais que si je me reprenais en main, cela allait redorer mon blason et que j’allais repartir. Alors qu’à l’inverse, si j’avais continué en quelque sorte cette autodestruction, je pouvais prendre 4 kilos en plus de mes 10 kilos, puis peut-être 20. Je ne sais pas jusqu’où je pouvais aller…

S & s : Si vous aviez un conseil à donner en cas de détresse ?
S. F. :
S’asseoir. Se mettre au calme. Peut-être se mettre devant une feuille blanche. Prendre un stylo et essayer de comprendre ce qui nous stresse. Cela peut être une mauvaise relation au travail, un conjoint perçu comme agressif. Peu importe ses raisons... Il s’agit non de juger mais de réfléchir, d’éplucher son problème. Éviter dans un premier temps d’être devant son frigo à se demander : Qu’est-ce que je dois manger ou pas ? Toutefois, l’idéal serait d’avoir toujours de bons produits à la maison… En cas de fringale, un pomme, un oeuf dur, des miettes de crabe… Des choses légères qui ne sont pas nocives pour le corps. On peut les manger en dehors des repas, sans conséquences négatives…

S & s : Comment se manifeste professionnellement votre regain d’énergie ?
S. F. :
Le fait d’être bien dans ma peau me permet d’être bien dans ma tête. D’autant que mon livre a un excellent accueil. J’ai des projets d’émissions ainsi que d’un service Internet. Je vais travailler avec Pierre Dukan pour recueillir des témoignages et aider des personnes qui pourraient être en panne… J’ai vraiment à coeur d’aller dans ce sens. Ce service sera en place pour la rentrée de septembre.

Interview réalisée pour à Signes & sens Magazine en juillet 2009.

 

> Lire d'autres articles