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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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  « Je fais comment quand il casse ses jouets ? »  
 

 

Les enfants d’aujourd’hui sont majoritairement gâtés. À Noël bien sûr mais chaque anniversaire offre aussi la possibilité d’une petite fête, avec remise de cadeaux. Pourtant, si – en particulier – les moins de 9 ans restent fascinés en découvrant les surprises joliment empaquetées, certains d’entre eux cassent systématiquement leurs jouets, après les avoir convoités et tant attendus… Quelle explication donner à cette pulsion destructrice et comment intervenir à bon escient ?

Analyser la situation

1) Observer
> Deux cas de figure sont à considérer avant tout analyse : d’une part, les parents s’entendent-ils bien? et, d’autre part, l’enfant ne souffre-t-il pas d’une violence psychologique masquée ? Dans le premier cas, il n’est pas question que l’enfant soit là, utilisé en quelque sorte, pour que le couple se re-sédimente si il y a menace de séparation. Les adultes doivent prendre leur décision en communiquant et en agissant entre eux en grandes personnes… Car, le fait de casser des jouets adorés traduit très souvent une désunion de couple dans laquelle l’enfant se sent pris en otage : son angoisse de séparation, ajoutée à sa culpabilité à ne pas pouvoir faire en sorte que ses géniteurs s’entendent, entraînent des passages à l’acte agressifs qui expriment que le couple est en train de casser la cellule familiale. Dans le second cas, l’enfant peut souffrir d’une difficulté psychologique du ou des parents. S’il sent ou sait qu’il y a trahison conjugale par exemple ou si l’un des parents a un problème d’alcool, trop jeune pour gérer ce que la vie inflige, se vivant alors inconsciemment persécuté, il persécute à son tour ses objets d’amour, ses géniteurs : il projette ses pulsions agressives sur ses jouets, qu’il détruit systématiquement, pour que les grands comprennent son extrême souffrance et sa fragilisation qui s’accentue, de jour en jour, par perte de confiance en ces adultes sur lesquels il ne peut pas vraiment compter.

2) Dédramatiser
> Qu’il s’agisse d’un dysfonctionnement affectif, social ou comportemental du couple, il est indispensable que l’enfant soit rassuré. Outre l’évidence qu’il est fortement déconseillé que les disputes éclatent en sa présence, que les problèmes d’argent soient déballés devant lui, lorsqu’un parent connaît un état autodestructeur, il faut que le tout jeune sache que le malade est en lien avec la médecine. En cas de présomption de divorce ou de chômage, il doit être fait allusion à l’institution : ici, les termes avocat et ANPE, prononcés à la maison, éviteront que l’enfant ait l’impression qu’il doit trouver une solution lui-même aux conflits ou blocages...

3) Participer
> Le dialogue reste indispensable lorsque les jouets subissent un mauvais traitement… Le plus simple consiste, dès lors que le parent constate des passages à l’acte maltraitants sur des objets, de faire parler ceux-ci. Lorsque Ilona, 7 ans, déchire les vêtements de sa poupée, alors que l’argent manque au foyer actuellement, la mère peut animer verbalement et positivement le jouet : L’hiver arrive, je vais avoir froid sans ma robe… Mais je pourrais remettre mon pull et mon pantalon chauds… La mère va chercher de quoi vêtir plus confortablement la poupée. Dans cet exemple, Ilona va réaliser que même les situations négatives changent et se transforment en positif. La roue tourne quoi qu’il arrive, d’autant que maman apporte la solution…

 

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