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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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  « Je fais comment quand il se gave de sucreries ? »  
 


L’alimentation est au centre des préoccupations des médecins et diététiciens depuis plusieurs décennies maintenant. Il est vrai que les lendemains d’après-guerre ont poussé à consommer toujours davantage de nourriture et de « douceurs ». Si celles-ci ont la juste réputation de calmer les angoisses sur l’instant, on constate que l’industrie alimentaire, aidée de campagnes publicitaires « alléchantes » et de messages télévisuels et radiophoniques adaptés, a plutôt amplifié le recours abondant aux sucreries. Et ce, quel que soit l’âge du consommateur ! Finie l’époque du morceau de pain qui abritait la barre de chocolat à croquer. Les générations actuelles ont la possibilité aujourd’hui de savourer des friandises en apparence plus séduisantes. Déjà à la vue pour la plupart. Alors, comment réagir lorsqu’un enfant se gave littéralement de bonbons ou même de biscuits ?

Analyser la situation

1) Observer
> Il n’y a pas de période véritablement dans l’existence pour craquer pour le sucré. Cependant, la quantité injustifiée de ce type d’aliments donne déjà une réponse intéressante. Ainsi, s’il est normal, lors du petit déjeuner, que celui-ci offre son apport de sucre, quelle qu’en soit la forme, il est un signe inquiétant à ne pas occulter : celui qui consiste à observer que l’enfant peut ingurgiter un paquet de biscuits entier lors de ce repas. Tout comme il n’y a rien de pathologique à vouloir sucer quelques bonbons mais l’ingestion de la totalité du paquet en peu de temps dans la journée doit alerter.

2) Dédramatiser
> Tout parent est à même de faire le rapprochement entre normalité et anormalité en matière de consommation sucrée chez le jeune sujet puisqu’il est donc question ici d’un état compulsif à prendre en compte. Ceci dit, interdire les sucreries radicalement entraîne l’effet contraire. Tout d’abord parce que tout ce qui est proscrit est meilleur, ensuite parce que l’enfant peut se procurer facilement et habilement ses friandises préférées hors de la maison : grands-parents (qui ne respectent que rarement les consignes parentales !), copains d’école, environnement sportif etc. À l’inverse, le plus simple est que l’adulte parle avec l’enfant de ses propres attirances alimentaires (sucrées ou salées) lorsqu’il le voit ingurgiter ses chamallow… C’est ainsi que cette sorte de «bienvenue au club» entraînera une saine réaction : l’enfant atteindra de moins en moins sa cible privilégiée, c’est-à-dire impliciter à sa façon que son géniteur n’est pas tout à fait à son écoute… Effectivement, si le recours maladif au sucré est un S.O.S inconscient, lorsqu’un enfant bénéficie d’une alimentation équilibrée, ce genre de chantage affectif cède facilement puisqu’il ne repose sur rien de concret. Une véritable souffrance psychologique ne se traduit jamais uniquement par l’ingurgitation seule de sucreries, qui reste, quoi qu’il en soit, une attitude particulièrement infantile et puérile.

3) Participer
> Sans banaliser la situation, encore une fois, cette mini régression peut être stoppée avec peu d’ajustements. Car il est malheureusement devenu fréquent que certains parents – ceux qui sont obnubilés par leur poids – suppriment, sans s’en rendre véritablement compte, le sucre des menus familiaux, tels les gâteaux maison. Le fait de refaire régulièrement tartes et autres quatre-quarts, tout en proposant à l’enfant de participer à la confection de ce type de pâtisserie (sans pour autant l’y obliger), fait en général céder le problème. Car, dans ce cas, c’est le chérubin qui aura été utile à l’adulte, tout simplement en lui indiquant que tous les excès sont néfastes à la santé de l’Homme…

 

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