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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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  « Je fais comment quand il triche ? »  
 


L’enfant a une propension à tricher. Tout simplement parce que, imprégné d’une mémoire narcissique, il veut gagner, être le chef, le plus fort, dominer, prendre la place de la mère ou du père… Les tricheurs déplaisent aux parents et c’est normal. Comment intervenir pour que ce défaut, tout aussi « normal » soit-il, ne s’aggrave pas au point de devenir carrément pathologique?


Analyser la situation


Tout d’abord, il s’agit de considérer de façon neutre (c’est-à-dire en mettant en place une distance suffisante) à quel moment l’enfant triche. Il est évident que s’il joue seul, en mettant en scène des ennemis potentiels, son comportement ne s’assimile pas à un mensonge : il est le dominant, sans léser qui que ce soit. En revanche, s’il est de mauvaise foi lors de jeux avec des camarades ou sa famille, là il y a tricherie !

1) Observer
> Il demeure important de bien repérer avec qui le manque d’honnêteté intellectuel est le plus marqué. Si l’enfant cherche à duper un membre de son entourage en particulier, c’est qu’il se sent en état d’infériorité vis-à-vis de cet autre joueur. À l’inverse si, systématiquement, la tricherie est au rendez-vous, cette attitude est à rattacher à une nécessité psychique de ne pas prendre en compte le ou les partenaires de jeux. La raison la plus fréquente est un caractère possessif qui recherche une position dominante pour exclure ceux que l’enfant considère comme des prédateurs. Dans le même ordre d’idée, cette réaction manifeste une coupure de cordon insuffisante...

2) Dédramatiser
> Fort heureusement, le temps arrange (9 fois sur 10 !) les choses. Effectivement, si l’enfant a les coudées plutôt franches à la maison, à l’extérieur il rencontrera toujours son maître. À tous les sens du terme. Là, il sera obligé de mûrir et d’attacher une importance aux autres. Sinon, les sanctions tomberont. L’espace de socialisation, que constitue l’école ou le sport, lui fera comprendre qu’à vouloir prendre la place d’autrui, il y laisse quelques plumes... C’est jouer perdant !

3) Participer
> Jouer avec un enfant se révèle, pour lui, l’opportunité de constater que même les grands perdent... Ce qui n’est pas un drame en soi. La preuve en est que l’adulte garde le sourire et donne à voir qu’on peut toujours se relever. C’est ainsi que le petit d’Homme peut saisir, par identification, que l’existence comporte toujours de quoi se redresser et qu’avec la vie, il ne sert à rien de tricher. Ce serait se priver d’une belle satisfaction : celle qui peut faire constater à l’enfant qu’il possède de quoi repartir toujours plus haut...

 

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