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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Jouez gagnant !


Définitif votre parcours de vie ? Sûrement pas. À condition toutefois de vouloir jouer gagnant et d’envisager le destin sous un angle toujours plus favorable. Des astuces pour débloquer de petites résistances aux conseils adaptés aux aléas douloureux, voici des solutions pour que la fatalité ne vous donne plus rendez-vous.

L’émotivité est très mauvaise conseillère. Mais on ne se refait pas. D’autant que ce trait de caractère reste très habituel chez l’être humain. L’émotivité fait donc partie de notre langage émotionnel qui se traduit par diverses formes de manifestations: rougeurs, pâleurs, bégaiements, tremblements, hurlements, fous rires etc. À chacun ses réactions. Autrement dit, à chacun sa méthode. Car, ne soyons pas naïfs, ne pleure pas sur commande qui veut, ne se tait pas quoi qu’il arrive n’importe qui, n’explose pas par hasard celui qui pratique ce type d’exercice… à son insu cependant ! Car, effectivement, nous avons souvent l’impression de ne pas maîtriser certaines pulsions qui peuvent pourtant nous mettre parfois dans l’embarras. Ce que confirme Géraldine, trop caustique aux dires de sa supérieure hiérarchique : Je suis infirmière dans une clinique privée et la surveillante n’apprécie pas du tout mes mots d’esprit, ce qui la justifie dans les brimades qu’elle m’inflige…

Bien solliciter le destin
Il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi les dieux nous semblent défavorables à certains moments. L’exemple de Géraldine le montre : nos maladresses verbales peuvent se retourner contre nous. Mais comme tant d’autres attitudes qui ne prennent pas en compte les limites de nos interlocuteurs. Le destin ne nous est pas hostile ; c’est nous qui nous y prenons mal dans l’existence ! Pourtant, il nous suffirait de bien peu d’observation pour que les choses s’améliorent. Alain Lenoir, biologiste, qui a contribué à la rédaction du sixième volume de «Graines de sciences», paru aux éditions Le Pommier, nous rappelle l’intelligence collective des fourmis : On constate en réalité, écrit-il, que la fourmi adapte son comportement aux besoins de la colonie, qui peuvent varier, et en fonction de l’environnement. L’ensemble est très flexible; il s’agit de régulation sociale… Voilà tout un enseignement facile à s’approprier pour que destin ne rime plus avec (le) malin. Le raisonnement positif à avoir pour que résistances, aléas, obstacles, souffrances cèdent consiste donc à ne pas confondre nos possibilités avec celles de notre entourage. C’est à cette unique occasion que le soleil brille au-dessus de nos têtes et dans nos cœurs.

Petits conseils pour grands résultats
Tout est langage et c’est cela que nous ne devons pas perdre de vue. À nous de bien décrypter ce qui ne va pas mais de façon anticipatoire. Car les signes avant-coureurs sont parlants et visibles. Quant aux situations bloquées, n’en faisons pas nos pires ennemies. Elles ne résistent qu’en apparence. Quelle que soit leur gravité...

1 Évaluer les besoins
Réfléchissez bien : avez-vous des besoins ? Si vous hésitez plus de dix secondes, vous avez un problème d’évaluation de vos réels besoins… Ceci ne serait pas très gênant si l’inconscient n’avait pas pour fâcheuse habitude d’aller voir du côté de la famille, des amis, des collègues de travail pour identifier ses propres besoins. D’où la mise en place d’une rivalité immédiate. C’est-à-dire une (mauvaise) prise de conscience que ce que l’autre a, je ne l’ai pas. Seule la vraie bonne question reste en suspens : Mais ai-je besoin de la belle cylindrée que possède mon voisin ?
> Pour bien évaluer nos besoins, il est nécessaire d’avoir un papier et un crayon ! Et de noter les objets face auxquels nous pouvons perdre nos moyens. Idem pour des situations qui peuvent nous mettre mal à l’aise : Serais-je capable d’arriver au volant d’une superbe Mercédès à mon travail ? La réponse s’impose d’elle-même.

2 Accepter ses limites
Nous avons l’art de nous plaindre. Au point d’en oublier les somptueux cadeaux que nous fait la vie… tous les jours ! Laurie critique souvent sa jeune marraine qui reçoit et sort beaucoup. Mais lorsque sa psychanalyste, sachant que sa patiente a une mauvaise relation à l’argent, lui demande si elle accepterait de consacrer des sommes énormes en réceptions et autres tenues vestimentaires adéquates, la jeune femme prononce un non retentissant !
> Pour accepter ses limites, il est nécessaire de dresser une liste de nos impossibilités du moment par rapport aux comportements enviés alentour. Un miroir probant.

3 Combattre ses déceptions
La déception forme facilement une mésalliance. Ainsi, le binôme dont il faut absolument se défaire est déception-perfection.
Henri est le père de Justine, 19 ans, qui s’est mise en échec scolaire après le décès de sa mère. L’enfant avait alors 14 ans. Aujourd’hui, renvoyée de deux établissements scolaires, elle a une propension à se désocialiser. Elle fréquente un groupe de jeunes inactifs et toxicomanes. Henri commence à admettre, après deux ans en psychothérapie, qu’il avait rêvé d’un avenir meilleur et plus brillant pour sa fille. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : nos déceptions sédimentent nos tragédies. Comme notre désir de perfection les a fabriquées.
> Pour combattre nos déceptions, il n’est plus question de nourrir des attentes quant à nos êtres aimés. Mais, à l’inverse, de travailler sur ce que nous n’avons pas encore réalisé et qu’il est grand temps de mettre en route. Nos nouveaux passages à l’acte seront destinés non plus à séduire nos proches mais des personnes étrangères à ceux-ci. En toute discrétion. Là encore, nous comprendrons où nous en sommes de notre évolution. Si nous respectons le plus souvent possible cette façon de traverser la vie, nous verrons progressivement le voile se lever. Les dieux nous donneront l’impression d’être de plus en plus favorables. Cependant que nous aurons préparé notre avenir et notre devenir. Pour notre plus grand bien et celui d’autrui. Jouer gagnant ne signifie rien d’autre que se simplifier la tâche en quittant nos colères, nos rancœurs devant nos doux-leurres : ce que nous nommons injustices. Nos tourments se dilueront lorsque nous nous occuperons de nous sans plus nous préoccuper du qu’en dira-t-on. Car, au fond, qu’est-ce qui nous gêne quand rien ne va plus ? Simplement le regard des autres ! À nous de faire en sorte de comptabiliser nos « mauvaises » cartes. Et de ne surtout pas les abattre pour pouvoir continuer à jouer encore et encore à qui perd gagne !

 

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