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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Les effets bénéfiques de l'eau


Tout le monde n’a pas la chance de bénéficier des 300 jours de soleil annuels de nos amis provençaux. Mais ceux-ci peuvent se plaindre aussi de la sécheresse et de ses inconvénients. Une raison supplémentaire d’examiner les bienfaits de la marche sous la pluie.

Une légende voudrait que « Mariage pluvieux soit mariage heureux ». De son côté, Bouddha disait que « les nuages ne disparaissent pas, ils se transforment en pluie ». Pour Jules Renard, « l’espérance c’est sortir par un beau soleil et rentrer sous la pluie »…

Le premier élément
Le tout petit enfant identifie très tôt la pluie. Il faut dire que l’eau est le premier milieu dans lequel l’être humain évolue. Ne soyez donc pas étonné(e) que votre bambin adore se promener sous les gouttelettes d’eau qui lui rappellent inconsciemment le paradis du temps de sa gestation. Une publicité de savon ne s’y est d’ailleurs pas trompée puisqu’elle vante les mérites de son produit, dans un pays tropical où une douche de fortune est heureusement alimentée une fois les nuages crevés… La pluie est donc ce liquide précieux qui semble venu tout droit du ciel. D’où une notion parfois miraculeuse associée à cet élément vital. C’est ainsi que les Vauclusiens organisent chaque année, le 16 mai, un pèlerinage pour honorer Saint Gens. Ce Saint a vu le jour dans une famille modeste du village de Monteux à quelques kilomètres de Carpentras, au tout début du XIIème siècle. Dès l’adolescence, il décide de partir vivre sa foi dans les collines du Beaucet, non loin de là. Véritable ermite, son humilité le caractérise. Sa dépouille se trouve dans la roche, grotte où il vécut jusqu’au 16 mai 1127. Vers 1500, les fidèles ont fait ériger près de ce lieu sacré une chapelle romaine. Les Provençaux s’y rendent en grand nombre chaque année pour prier afin que Saint Gens fasse venir la pluie. Dans les années de grande sécheresse, des prières de groupe sont également organisées en dehors de cette date. La pluie constitue en fait un véritable circuit naturel : l’eau des étangs, des lacs, des mers, des rivières, des ruisseaux, de l’environnement sous diverses formes, s’évapore. Cette évaporation, selon un mouvement ascendant, rencontre l’air qui, plus froid, entraîne une condensation à l’origine des formations nuageuses. Des gouttes d’eau se détachent, sous l’effet d’une condensation majeure, retombant sous forme de pluie.

Un mécanisme purificateur
Dans son ouvrage « La conscience de l’âme », publié aux Éditions de Mortagne, Carmen Grenier, psychanalyste, rappelle nos combats contre l’extériorisation de nos émotions : On lutte contre sa colère, sa jalousie, sa violence, son envie, etc., et on essaie de tout contrôler. Ça fonctionne bien pendant un certain temps, écrit-elle, et puis un jour on perd pied, on n’arrive plus à rien contrôler du tout et on finit par créer des effets secondaires, « la mal a dit »… Marcher sous la pluie peut contribuer à la libération de nos auto-pollutions négatives. Il y a, dans cette pulsion singulière, un désir de nettoyage psychologique. Le corps échauffé sous l’effet d’une action physique transpire et élimine les toxines. La pluie achève de façon bénéfique ce travail lié à une recherche d’équilibre corps/esprit en y ajoutant un mécanisme purificateur, un peu à la manière de Carmen Grenier qui n’hésite pas à nous conseiller de retrouver la naïveté de l’enfant qui découvre la joie de vivre…

 

 

 

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