chantal_calatayud

A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

ouvrages-publications-chantal-calatayud-directrice-institut-psychanalyse-ifpa


Pourquoi tout est miroir ?

Un miroir est cet objet de réflexion qui donc réfléchit une image, un visage, un autre objet et qui donne, quoi qu’il en soit, à réfléchir… Sa surface est particulièrement lisse, invitant à regarder du côté de la différence. Mais quant à accepter cette différence, c’est une autre histoire !

Françoise Dolto et son célèbre ouvrage «Tout est langage» reprend le grand postulat psychanalytique freudien qui considère que ce que l’Homme crée, il le fait non seulement avec sa main, mais aussi avec son esprit, c’est-à-dire avec son psychisme et donc son enfance, ses parents, sa filiation.

Les névroses familiales
René Laforgue, psychiatre et psychanalyste français, né en 1894 et décédé en 1962, a développé les travaux de Sigmund Freud sur les liens névrotiques qui unissent tout parent à son enfant. Cet ancien psychanalyste de Françoise Dolto a très clairement expliqué le jeu de dupes qui va résulter de ces diktats filiaux car, effectivement et inconsciemment, même dans sa propre filiation, on ne fait pas ce que l’on veut ! Toute lignée abrite des « bénéfices » à transmettre des injonctions muettes à chacun de ses descendants. Ces injonctions sont essentiellement mues par des interdits. Un exemple : si la filiation a «besoin» d’un notaire parmi ses héritiers, les phonèmes véhiculés par la parole arriveront jusqu’au psychisme du tout petit d’Homme dans sa période pré-verbale. Ces sons articulés et porteurs d’accents toniques, qui ne sont pas le fruit du hasard selon la famille, seront «entendus» par le bébé comme «nos terres». Cette formation discursive pourra d’ailleurs, au fil du temps, de génération en génération, aboutir à «no terre» ou encore «no taire» ! C’est ainsi que dans cette même filiation, tour à tour, s’installeront des agriculteurs nantis («nos terres») ou démunis («no terre») mais aussi des orateurs («no taire»). De cette alternance de sujets portés à réussir ou, au contraire, à échouer, un malaise s’installera dans la généalogie, dont découleront de véritables profils sado-masochistes…

Les représentations
En psychanalyse, le terme représentation est à entendre comme une sorte d’image que l’inconscient fabrique lorsque le sujet, trop infantile lorsqu’il ne parle pas encore au conscient, ne comprend pas ce qui se passe autour de lui. Le fantasme s’empare de cette incompréhension à saisir la réalité des choses. Ainsi, et par exemple, supposons qu’âgée de un an, Josette ait entendu que sa maman disait qu’elle aimait le chocolat «Kohler». L’inconscient de cette petite fille garde en mémoire et fixe, à partir de là, la marque de cette confiserie mais, avec le temps, un lien phonétique ambivalent traduira en interne «colère». Cette confusion pourra faire dire, adulte, à Josette, en séance de psychanalyse, que sa mère était une femme en colère. Cette subjectivité se retrouve sur tout support artistique. Ainsi un peintre pourra-t-il aimer les tons «criards». En art-thérapie, tout est donc miroir… sonore ! Il s’agit ici de considérer l’œuvre manifeste comme un objet transférentiel qui restitue l’incompréhension d’un patient qui, malgré lui, reproduit ses propres déformations sonores archaïques. C’est ainsi que Josette, si elle a choisi la thérapie par le vêtement, quittera progressivement l’habitude de porter des tenues aux tons «violents» malgré ses 60 ans…


 

> Lire d'autres articles