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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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La Jordanie, comme un « Principe de Nirvâna »


Le royaume de Jordanie offre un important patrimoine historique. Cette richesse appréciable commence tout juste à être découverte par le reste du monde et ce, notamment, grâce à l'UNESCO.

La Jordanie jette des passerelles antiques entre mer et désert ; ces ponts imaginaires permettent une meilleure adaptabilité au regard du passant qui veut bien se laisser glisser jusqu'à ressentir comme un « Principe de Nirvâna ».

Une enclave exceptionnelle
Le terme « Nirvâna », emprunté par Sigmund Freud à Barbara Low, en tant qu'il véhicule un état parfait de paix intérieure, s'applique aisément, par la particularité de ses paysages, à cette terre d'une superficie de 96 000 kilomètres carrés. Au centre du monde arabe, la Jordanie se présente un peu comme une enclave, la Syrie se situant au nord, l'Arabie Saoudite au sud et à l'est, l'Iran étant à l'est. Les fouilles archéologiques, très présentes actuellement sur le territoire, attestent que la Jordanie était habitée il y a 200 000 ans. Amman, la capitale, constitue le point de départ privilégié de cette aventure touristique exceptionnelle. Le musée archéologique mérite qu'on s'y arrête pour y apprécier l'élégance de la sculpture nabatéenne. Le théâtre romain, construit en 151, réquisitionné encore de nos jours pour des rencontres culturelles, peut recevoir 6 000 spectateurs. Faire des achats en Jordanie fait partie des plaisirs du voyage. Le choix est large avec, entre autres, des céramiques qui s'inspirent souvent de pièces de musées ; le tissage, assuré par des artisans de qualité, peut être apprécié dans les souks de la ville basse d'Amman ; quant à l'hébergement et à la restauration, ils sont le miroir des Jordaniens, hôtes chaleureux, hospitaliers, souriants. Jerash, ville romaine très bien conservée, constitue une promenade d'un autre temps, témoignant de la splendeur et de la prospérité des lieux, dues en partie à une région maintenue relativement en paix par les Romains. Au sud d'Amman, en empruntant l'ancienne « Route des Rois », voie vieille de 5 000 ans, se situe Madaba, cité des mosaïques, à une dizaine de minutes du Mont Nebo qui domine la vallée du Jourdain et la Mer Morte ; c'est à cet endroit précis que Moïse aurait été appelé par Dieu pour découvrir la Terre Promise. En poursuivant la « Route des Rois », Karak, perchée sur un sommet, permet une vue unique sur la Mer Morte ; un château, construit par Payen en 1136, témoigne du type de construction militaire de l'époque des Croisés. Il est difficile, par ailleurs, de résister à la vallée du Jourdain, la Mer Morte étant à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer ; riche en minéraux, la fertilité du sol s'exprime par des cultures généreuses. Outre la signification religieuse du lieu, puisque Jésus aurait été baptisé dans le Jourdain, les stations thermales y sont réputées grâce aux bassins d'eau sulfureuse. Et puis si, effectivement, la Jordanie abonde de trésors antiques, l'impressionnante cité rouge de Pétra, déclarée site du patrimoine mondial par l'UNESCO, laisse au touriste un souvenir inoubliable ; son intérêt pittoresque est dû à sa situation spectaculaire au fond d'une faille profonde entourée de montagnes et de parois rocheuses hautes de 200 mètres. C'est là que fut tournée une séquence de film « Indiana Jones et la dernière croisade » ; les sculptures à même la roche coupent le souffle ; cette merveilleuse promenade permet par ailleurs d'approcher les bédouins qui proposent notamment les célèbres bouteilles de sable coloré ; elles laissent jaillir des motifs exotiques puisqu'il existe plus de vingt teintes naturelles de grès à Pétra.
Curieux contraste donc dans ce pays qui connut bien des révoltes avant d'arriver à la signature du Traité de Paix avec Israël. Mais la Jordanie fournit, comme bien d'autres pays, la possibilité d'une réflexion, d'une interrogation qui dépasse la simple curiosité à sortir du quotidien. Effectivement, le voyageur cherche quelque chose de plus, quelque chose d'intime car voyager est sûrement moins facile à l'inconscient qu'il n'y paraît à première vue. Ainsi M. Wheeler aimait-il rappeler que ce ne sont pas des choses que l'archéologue exhume mais des gens. Tout voyage se présente de fait comme l'opportunité d'établir un lien entre les générations passées et les générations présentes mais constitue aussi la possibilité de faire un bilan, d'autant que pour qui veut bien y réfléchir, on ne choisit pas une destination par hasard...

 

 

 

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