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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

Livres Psy didactiques gratuits de Chantal Calatayud, psychanalyste et didacticienne analytique

Faire face quoi qu'il arrive...


Quand un obstacle se met en travers de notre route, quand une épreuve arrive sans crier gare, quand une tragédie nous épouvante, nous n'avons pas d'autre choix que de subir dans un premier temps. Si certains aléas tiennent à un comportement névrotique de notre part et étaient quasiment prévisibles, une trahison sentimentale, une perte d'emploi, le décès brutal d'un proche, s'abattent par contre comme une fatalité...

Quoi qu'il en soit, il est difficile de lâcher prise dans des situations traumatisantes à plus d'un titre. En outre, ni le déni qui est la triste voie de la régression, ni la soumission à l'incompréhension qui représente l'accès funeste à la dépression ne peuvent donc permettre de se redresser et d'avancer.

L'expectative pathologique
S'il est habituel d'entendre dire que la roue finit toujours par tourner, attendre - sans agir - que l'horizon s'éclaircisse comme par magie contribue à mettre en place un processus dangereux de retrait. " Aide-toi, le Ciel t'aidera ", assurent d'ailleurs à juste titre les Écritures saintes...
. Caroline, 27 ans, sans profession, mariée à un pharmacien, a constaté deux ans environ après son mariage que son époux la délaissait de plus en plus. Il aimait le golf, certes, mais partir à 6 heures 30 le samedi et le dimanche matin en plein hiver, pour s'adonner à son sport favori, l'étonnait tout de même un peu. Sa mère n'est jamais arrivée à garder un compagnon et elle ne voulait surtout pas lui ressembler : " Dès que son amoureux avait un peu de retard, elle piquait des crises d'hystérie à faire trembler les murs de la maison ! Aucun n'a tenu le coup... C'est vrai qu'en voulant faire l'inverse, en ne voulant pas voir, je n'ai pas su garder mon homme. Quand il m'a quittée pour une de ses collaboratrices, il m'a dit que c'est mon indifférence vis-à-vis de lui qui l'a jeté dans les bras d'une autre..."...
Ce récit n'est pas un cas isolé. La passivité est toujours mauvaise conseillère. En règle générale, les personnes velléitaires cherchent inconsciemment un étayage confortable mais les voies faciles présentent deux inconvénients :
- Le manque de reconnaissance d'autrui avec sensation ou menace d'isolement.
- La perte progressive de son identité.
Par conséquent, le sentiment d'abandon ou l'abandon réel sont au rendez-vous... De toute façon et comme l'expriment de leur côté les psychothérapeutes et auteurs Rosette Poletti et Barbara Dobbs, " ce qu'on n'a pas affronté en temps voulu réapparaît, plus grave encore. "...

La sublimation
Passé le moment du choc émotionnel, si nous parvenons à admettre et à accepter que la solution réside dans le défi de se relever malgré la peur, l'angoisse, le chagrin, nous pouvons considérer que non seulement nous sommes à nouveau dans la bonne direction mais également que faire face sera désormais possible... La douloureuse destinée de l'écrivain Martin Gray en est la démonstration.
D'origine juive polonaise, il a connu l'abomination avec la perte de sa famille à deux reprises. Sa première tragédie a pour origine les camps de déportation nazis, la seconde est due à l'incendie de sa maison située dans le sud de la France. Cet incendie emportera sa femme et leurs quatre enfants. Suicidaire, il décide alors de se mettre à l'écriture pour ne pas sombrer. Il trouve l'énergie a posteriori de refaire sa vie et fonde à nouveau une famille... D'évidence, cet homme était résilient mais, en choisissant de témoigner, non seulement il s'est relevé mais il a servi l'humanité, en particulier avec sa fondation Dina Gray : d'essence écologique, elle participe à la protection de la nature en matière d'incendies de forêts et à la sensibilisation des populations quant à l'intérêt de la préservation de l'environnement. Si, là encore, tout un chacun n'a pas un profil aussi éminemment positif, l'histoire de Muriel n'est pas plus modeste dans sa sublimation...
. Muriel, 55 ans, a perdu ses jumelles dans un accident de voiture : " À 18 ans, je découvrais le grand amour : mariage et 3 ans plus loin, nos filles sont arrivées. Mon mari est mort d'un cancer quand elles ont eu 8 ans. L'année suivante, je les perdais dans un accident de la circulation. Je n'avais plus rien à quoi me raccrocher. Ne comprenant pas ma destinée, j'ai consulté une psychogénéalogiste de renom. Son interprétation m'a tellement bouleversée que j'ai décidé d'en faire mon métier que j'exerce maintenant avec joie. Je suis confrontée en permanence aux atrocités humaines mais je pense pouvoir dire sans prétention qu'il me semble que j'ai développé une empathie qui me permet d'aider efficacement mes consultants... "...
Muriel a saisi inconsciemment que ses épreuves abritaient le germe de son devenir qui ne demandait qu'à éclore. Rosette Poletti et Barbara Dobbs conseillent du reste de " chercher le cadeau qui se cache au cœur du problème et d'en faire quelque chose. ". Il s'agit-là de la condition essentielle pour faire face aux affres de l'existence. Cette sorte de récompense chasse l'impression d'inutilité ressentie lorsque la tempête sévit. Ce processus devient avec certitude le moteur d'étapes futures mais à la condition, comme le suggère Julian Sleigh, auteur de l'ouvrage " Faire face à ses problèmes ", publié aux Éditions Jouvence, " de voir ce qui est bon dans tout ce qui se produit "...

 

 

 

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