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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Découvrez gratuitement ici
la version en ligne du livre de Chantal Calatayud

" T’es pas mon père ! "

Editions Villon
Collection " Vivre heureux tout simplement... "

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Être père n’est pas facile. Mais ce lien de devoir qui unit un enfant à cet adulte, représentant de l’autorité, reste le fondement de ses futures conduites. Cependant, le petit d’Homme – encore immature – ne l’entend pas toujours sous cet angle protecteur. L’opposition est d’ailleurs au rendez-vous, de manière structurale, à des étapes charnières de son développement. Toutefois, d’autres facteurs de rébellion peuvent intervenir et perturber le psychisme de l’enfant.

Ce livre analyse, grâce à des exemples simples de la vie quotidienne, les raisons inconscientes de certaines résistances incompréhensibles pour les parents. En outre, l’auteur donne des attitudes à adopter pour que la révolte illogique – voire pathologique – cède enfin.


Épilogue

Au tout début de son existence, le bébé n’a pas d’autre choix que celui de s’étayer sur sa mère puisqu’il est un être dépendant affectivement. Les mois passant, il aura pour modèle d’apprentissage de réalisation le père. Et là encore, au nom d’une dépendance. Au fil du temps, les désaccords apparaissent si l’enfant oublie son unicité, c’est-à-dire s’il se tourne systématiquement, inconsciemment, vers ses référents. Et lorsqu’il prend conscience qu’il ne peut exister véritablement selon ce schéma, il opte – « normalement » – pour une séparation d’abord psychologique en douceur, puis physique en presqu’adulte responsable, ce qui ravit les parents qui peuvent alors souffler un peu et repenser leur propre couple pour que celui-ci puisse continuer à évoluer. Mais ce type de déroulement normatif prend parfois un visage différent, plus agressif en apparence. La tourmente se révèle objective, alors qu’il suffit d’interpréter les événements autrement : T’es pas mon père ! met fin aux duos, voire au trio. Le phénomène de bouc émissaire s’épuise, l’inconscient de l’enfant – lors de la première phase de résolution œdipienne, puis de l’ado avec le déclin de l’Œdipe – ayant fait suivre ces virages essentiels de l’existence par un processus dit de médiation : la scolarité à l’âge de 6 ans, les études secondaires ou l’entrée en apprentissage vers 16/17 ans. Autant dire que le faire avec les autres, pour les autres rendra réaliste une bonne distanciation, nécessaire et efficace de surcroît, d’avec les parents.


21 août 2008 : la cérémonie émouvante dédiée aux dix militaires français tombés en Afghanistan trois jours plus tôt. Ils avaient entre 19 et 40 ans. Les familles sont présentes, abattues, désemparées, affligées, décontenancées par un chagrin incommensurable. Les militaires rendent un hommage silencieux qui se passe de commentaires. Le chef de l’État, le père de la patrie, assume dignement sa fonction et dépose avec solennité la légion d’honneur, donnée à titre posthume, sur chaque coussin de velours rouge qui repose sur le drapeau tricolore enveloppant chaque cercueil. Auparavant, une cérémonie religieuse a été célébrée par un autre Père… Et maintenant ? Vont-ils être accueillis par Notre Père à tous ? Dieu ? En cet instant, eux seuls le savent, eux seuls connaissent le grand secret… Toutefois, une chose rassurante est sûre : du début de la vie jusqu’à la mort, il y a toujours un père sur notre route, qui n’est jamais que la copie conforme de notre géniteur dont nous gardons une mémoire indéfectible de par les liens du sang. Connu ou pas physiquement, nous savons qui est cet homme, pétri de lui depuis notre conception. Et cette fidélité-là, malgré nos grondements intérieurs lorsque l’inconscient tempête, ne peut faire défaut. Tout simplement parce que nous en sommes le fruit : délicieux à certains moments, acide à d’autres ou aigrelé. Ce fruit, impeccablement appétissant lorsqu’il commence à pouvoir être dégusté, mûrit, puis devient blette à la suite de quelques coups imprévisibles assénés pour mieux le ratatiner, le ridant à souhaits… Ainsi va la vie et le temps qui passe. Mais lorsque le géniteur ou le père de substitution disparaît, la place laissée vide est immense qui, petit à petit, se trouve comblée par un autre père qui supporte d’être malmené par son héritier dont il comprend toutes les réactions intempestives car il y a longtemps déjà, il a été fils, lui aussi…

 

 

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