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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didactitienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Le " matronyme " : un privilège ?  

 

Si les avancées du monde médical ont permis à l’ensemble d’une population de bien vieillir, il n’en est pas toujours à l’identique quand il s’agit de prendre en compte la psyché humaine, via l’inconscient collectif… Ainsi, le projet d’amendement concernant la transmission du nom qui vise, un peu sommairement, l’égalité des sexes, risque-t-il d’avoir des conséquences non maîtrisables mais déjà mesurables ; cette réforme est présentée, par ailleurs, comme offrant l’avantage d’éviter la disparition de noms au fil des générations…

 

Un certain Jacques Lacan a développé un concept majeur à la suite de Sigmund Freud : c’est le Nom-du-Père qui va progressivement juguler la symbiose mère-enfant afin que le petit d’Homme puisse s’individuer. C’est en le nommant donc, ce père, que ce même petit d’Homme commence à prendre en compte une réalité incontournable : l’autre, lui, en tant qu’extériorité. C’est l’ouverture alors possible sur le monde, sur l’humanité. Le père représentant avant tout, inconsciemment, la loi, la masse, le symbolique, le processus d’humanisation devient donc possible. Si, à l’inverse, le père est dénié par la mère qui décide, plus ou moins consciemment, de matronymer l’enfant, on assistera peu à peu à la forclusion du nom-du-père, donc de la loi, et bien sûr des limites… De confusion en confusion, de rupture des signifiants en béances, le trou quasi irrémédiable de la psychose remplacera pernicieusement le refoulement, toujours récupérable, de la névrose…

Alors, quid de la société de demain ?

Bien sûr les féministes ont leur mot à dire et personne ne saurait le leur enlever, compte tenu de l’apport largement bénéfique de leur lutte permanente, tout comme celle des politiques, et, de toute façon, comme celle de tout un chacun… Mais a-t-on suffisamment mesuré les dangers réels du matronyme, ne serait-ce qu’au niveau de l’ordre psychogénéalogique, car, si j’ai bien tout compris, l’enfant sera peut-être appelé à porter le nom de la mère - l’aura-t-il d’ailleurs vraiment décidé ? - nom de la mère qui n’est, a priori, jamais que celui de son propre père… Et alors, ce même enfant s’inscrira transgénérationnellement comme étant le fils du grand-père maternel ! Il me semble que c’est ce que la psychanalyse nomme enfant fantasmatiquement incestueux et cela n’est pas sans nous renvoyer à un célèbre mythe…


 

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