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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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Découvrez gratuitement ici
la version en ligne du livre de Chantal Calatayud

" T’es pas mon père ! "

Editions Villon
Collection " Vivre heureux tout simplement... "

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Être père n’est pas facile. Mais ce lien de devoir qui unit un enfant à cet adulte, représentant de l’autorité, reste le fondement de ses futures conduites. Cependant, le petit d’Homme – encore immature – ne l’entend pas toujours sous cet angle protecteur. L’opposition est d’ailleurs au rendez-vous, de manière structurale, à des étapes charnières de son développement. Toutefois, d’autres facteurs de rébellion peuvent intervenir et perturber le psychisme de l’enfant.

Ce livre analyse, grâce à des exemples simples de la vie quotidienne, les raisons inconscientes de certaines résistances incompréhensibles pour les parents. En outre, l’auteur donne des attitudes à adopter pour que la révolte illogique – voire pathologique – cède enfin.


Chapitre I

La mémoire psychogénéalogique

 

Au nom d’une sacro-sainte morale , les filiations – sans aucune exception – reposent sur le même principe… moralisateur : cacher tout ce qui gêne ! Pour y parvenir, selon un accord parfait, les stratégies inconscientes se résument finalement à peu de choses, soit la déformation de la réalité et le non-dit. Pour la psychanalyse, il s’agit de formations de compromis qui aboutissent, malheureusement, in fine, à l’émergence du symptôme. Au fil du temps, celui-ci donne l’impression de se modifier, de se transformer, alors que ce qui se joue, sur le divan, atteste avec évidence du contraire : quelle différence y a-t-il entre une surdité congénitale et, dans le même héritage transgénérationnel, des décennies plus tard (voire des siècles), l’arrivée d’un bébé trisomique ? Aucune car, dans ces deux pathologies, l’individu n’entendra pas : dans le premier cas, au sens propre, dans le second au sens figuré. C’est ainsi qu’un lien tout aussi ténu s’exprimera dans une même famille quand un jeune homme de 20 ans aura perdu une jambe lors de la Première Guerre Mondiale et que, 90 ans plus tard, un jeune adulte d’une vingtaine d’années, laissera lui aussi un de ses membres inférieurs dans un accident de moto. Autre exemple : chez Paquita, la grand-mère buvait et donnait à entendre en fin de journée une élocution difficile ; son arrière-petite-fille, qui ne l’a pas connue, présente aujourd’hui des bégaiements invalidants… Les cas de figure pourraient être déclinés à l’infini et personne n’y échappe ! Freud disait aussi que les névroses s’attirent et se complètent. De génération en génération, la mémoire se fortifie mais en reproduisant un schéma aux conséquences redoutables. L’obéissance aux diktats de la filiation, si elle devient le ferment d’un code de reconnaissance, finit par entraîner des désastres. Ce mimétisme, tout aussi déguisé soit-il par une apparente différence, englue le sujet dans une difficile individualité. Autant dire que le principe libératoire d’individuation, postulé par Carl-Gustav Jung, n’est pas gagné ! On parle ici de loyauté filiale. La fidélité familiale, quant à elle, nécessite d’établir une nuance. Il y a, dans ce registre, obligation pour l’inconscient de l’individu d’attirer, de trouver un partenaire amoureux qui, donc, venant d’une famille différente, fait attesté par son état civil, aura en quelque sorte la même histoire ! Cette carastéristique s’étaye sur une croyance selon laquelle le couple se scellera pour toujours puisqu’il se comprendra…

Autant dire que si, en apparence, les éléments du couple sont différents, ce n’est qu’un leurre. Il n’est d’ailleurs pas rare de constater des similitudes faciales chez deux amoureux. Est-ce cela qui a uni, dans les années 60, Alain Delon et Nathalie, la mère d’Anthony ? Toujours est-il que les jeunes mariés se ressemblaient comme deux gouttes d’eau au point qu’on aurait pu les croire frère et sœur… Curieux de constater encore que le prénom NATHALIE contient et abrite les lettres qui forment le prénom ALAIN… La différence se situant dans les lettres restantes : THÉ qui peut renvoyer au phonème TAI de TAIRE… On flirte là avec le secret de famille. Étonnant, en outre, que le prénom ANTHONY soit une savante contraction de NATHALIE et ALAIN laissant avec force à un pseudo hasard les lettres A.L.Y. qui, phonétiquement, s’entendent entre autres comme ALLIE d’ALLIANCE…

Que reste-t-il à l’humain pour sortir de ce conflit interne dans lequel obéir annihile la plus petite velléité à quitter un véritable ghetto psychologique, verrouillé malgré lui de façon ancestrale ? À ce moment de pertinence, on est loin de pouvoir prétendre cependant que choisir (au sens noble du terme) fait partie de la destinée de tout un chacun. Pourtant, le petit d’Homme s’y essaye, s’y applique précocement et on le comprend. Car il y a dans le principe même de la loyauté filiale et de la fidélité familiale une notion de gémellité qui vient buter contre l’interdit des interdits : le tabou de l’inceste. C’est-à-dire qu’en étudiant les codes familiaux inconscients, notamment grâce à la psychogénéalogie qui reprend les grandes lignes des travaux psychanalytiques sur les névroses de caractère, de guerre, familiales, on réalise combien il est difficile qu’un couple affectif ou social dure dans le temps… Une histoire identique, malgré soi, entre des individus, réactive paradoxalement la menace paternelle, avec angoisse de castration à la clef ! Plus simple pour l’inconscient de décréter et de produire quelques vociférations plus ou moins explicites, à l’encontre du père réel qui ne sera, de facto, pas reconnu comme tel, l’inconscient croyant ainsi échapper à son anxiété. Cet évitement ne constituera qu’une illusion de plus qui ne règlera en rien – on s’en doute – les problèmes de communication entre proches parents.


 

Lire la suite ==>Chapitre II

 

 

 

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